Le Sénat a entamé l’examen du projet de loi relatif à la démocratie sociale et au temps de travail. Association habile et politicienne, le texte, dans sa première partie, modifie les règles de la représentativité syndicale, alors que dans sa deuxième partie, il torpille la durée légale du temps de travail, en l’occurrence les 35 heures, en permettant sa définition à l’échelle des entreprises. « En posant la supériorité des accords d’entreprise sur les accords de branche, a expliqué Annie David en s’adressant au ministre Xavier Bertrand en séance publique, vous mettez à mal le principe de faveur qui assurait un socle d’égalité des droits des salariés. Ce principe de défaveur participera à la course à la compétitivité dans une même branche et favorisera le dumping social. En outre, vous institutionnalisez l’individualisation des relations sociales, le gré à gré, au détriment de la loi et à la recherche du seul intérêt de l’entreprise, supposé correspondre à l’intérêt général. On retrouve ici la main invisible d’Adam Smith... Mais l’histoire, depuis plus de deux siècles, nous a indiqué le contraire : ce sont les progrès sociaux qui créent une société viable. Cette idéologie d’un autre temps n’a plus de sens aujourd’hui ! Pour relancer la croissance et augmenter le pouvoir d’achat, la panacée n’est pas de travailler plus, mais plutôt d’élever le taux d’emploi tout en accroissant la productivité. Les leviers en sont la promotion de l’emploi des jeunes et des femmes, l’investissement dans l’innovation et dans la formation des salariés et l’augmentation des minima sociaux et des bas salaires. C’est, en somme, toute la question de la redistribution des richesses créées dans notre pays qui est posée. »