Une guerre d’anéantissement

Afrin

Publié le 23 mars 2018 à 10:20 Mise à jour le 4 juin 2019

Tribune parue dans le n°108 d’Initiatives, mars 2018.

Depuis janvier, l’armée turque a attaqué et bombarde toujours, plusieurs villes du canton kurde syrien d’Afrin. Cette offensive s’inscrit dans la volonté du Président Erdogan de répression systématique vis-à-vis des Kurdes. La situation et les conséquences humanitaires sont dramatiques. Les civils sont les premières victimes de cette intervention effectuée en totale violation du droit international. Cela repousse d’autant les perspectives de paix et bouscule le rapport de force au sein de la coalition des alliés contre Daech.

Les forces de la défense laïque, issues de la population kurde, ont protégé en continu ce territoire situé au nord d’Alep, contre les attaques des divers mouvements djihadistes. Depuis la bataille de Kobané, les Kurdes ont été nos compagnons d’armes sur le terrain, avec nos soldats. Ce sont eux qui ont payé le prix du sang, avec des milliers de militaires tués et blessés, jusqu’à la prise de Raqqa cet été. Si Daesh, d’un point de vue territorial, est anéanti, l’islamisme en tant qu’idéologie ne l’est absolument pas. Si nous abandonnons les Kurdes à leurs ennemis, l’islamisme reviendra.

Les Kurdes le savent très bien. S’ils ne résistent pas, s’ils n’ont pas de soutien, les Turcs poursuivront leur guerre d’anéantissement envers les Kurdes. Une catastrophe humanitaire majeure est prévisible si la communauté internationale n’intervient pas rapidement pour obliger la Turquie à arrêter sans délai son offensive. Compte tenu des liens historiques entre la France et le peuple kurde, notre pays a saisi le Conseil de sécurité de l’ONU. Malheureusement, rien n’en est sorti, hormis un appel à « la retenue » à destination de la Turquie.

Dans le cas présent, la retenue n’est pas suffisante. Si notre pays n’agit pas, si la communauté internationale ne dénonce pas cette agression, nous serions complices du massacre de la population kurde et de cette nouvelle offensive turque contre l’intégrité territoriale de la Syrie. Dans ce contexte, la solidarité internationale est capitale. Comme pour le Kurdistan irakien, le nord de la Syrie doit être placé sous protection des Nations-Unies, seul moyen d’assurer la sécurité des populations civiles. Pour stopper cet engrenage infernal mené par le président Erdogan, notre diplomatie doit user de toute son influence auprès de ses alliés européens et à l’ONU pour exiger un cessez-le-feu. Rien n’est perdu, rien ne doit empêcher de trouver une solution qui respecte tout simplement les droits humains.

Christine Prunaud

Sénatrice des Côtes-d'Armor
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