Satanés fonctionnaires !

Fonction publique

Publié le 17 février 2017 à 12:05

Tribune parue dans Liberté Hebdo

Les fonctionnaires, comme d’autres catégories de population sont parfois mis à l’index, pointés comme étant responsables, en partie, des difficultés économiques de notre pays.

Il est sans doute nécessaire de remettre régulièrement les pendules à l’heure. C’est le numéro de février 2017 du mensuel Alternatives Economiques qui nous apporte des éléments d’analyse intéressants sous la plume compétente de l’économiste Christian Chavagneux. Il nous rappelle d’abord une idée fondamentale dans l’article : aucune entreprise privée ne pourrait en effet produire de richesses si elle ne trouvait pas dans son territoire immédiat des personnes bien formées, en bonne santé et soignées correctement en cas de maladie, qui trouvent à se loger dans un cadre agréable, qui puissent également inscrire leurs enfants à l’école ou à la garderie et enfin se déplacer sur les voies ferrées ou autres pour se rendre au travail.

Voilà autant de critères qui ont pu guider la multinationale Toyota à s’installer dans la région, à Onnaing, il y a plusieurs années.

La fonction publique en France compte 5,5 millions d’agents. C’est 220 000 agents de plus qu’en 2001, mais sur la même période la population française a aussi augmenté de 3 800 000 habitants.

En détail, ils sont 1.2 millions dans la fonction publique hospitalière, 1.9 million dans la territoriale (les collectivités) et 2.4 millions dans la fonction publique d’Etat. De ce point de vue des effectifs, notre pays se situe dans la moyenne des pays industrialisés, plus que la Grèce et l’Italie, moins que la Suède ou les Etats-Unis.

Quant à leur rémunération, le salaire annuel moyen du secteur public, en euros constants, était identique en 2014 à ce qu’il était en 2002, 22 410 euros, alors qu’il a augmenté de 6.5% dans le secteur privé sur la même période.

Ainsi donc, quand M. Fillon, toujours candidat à l’heure où j’écris ces lignes, déclare vouloir supprimer 500 000 postes de fonctionnaires, il s’attaque à ce qui structure profondément notre société, à ce qui lui permet de résister mieux que d’autres pays aux dégâts de la crise durable que nous traversons. Faut-il compter dans ces 500 000 postes les emplois fictifs ? M. Fillon explique que l’on reviendrait ainsi au niveau de l’année 2000, il oublie qu’entre 2000 et 2016 nous avons gagné 6 millions d’habitants.

Ce discours est évidemment très idéologique, moins d’Etat, moins de fonctionnaires, le tout marchand, le marché auto-régulé pour gérer les affaires du monde, rien de nouveau sous le soleil. On connaît cette musique. Mais M. Fillon sera-t-il candidat ?

ÉricBocquet

Sénateur du Nord
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