Les débats budgétaires ont débuté à l’Assemblée nationale dans l’hémicycle ; ils commenceront au Sénat dans quelques jours, sans attendre les discussions en séance publique la commission des finances a déjà entamé le travail avec l’examen de toutes les « missions » suivies par des sénateurs et sénatrices rapporteurs spéciaux, c’est-à-dire toutes les dépenses de l’État par thématique dans l’ensemble du budget.
Nous avons par exemple examiné les missions culture, anciens combattants, outre-mer, enseignement scolaire, etc. Je suis chargé pour ma part de la mission « solidarité, insertion, égalité des chances » qui couvre notamment les dépenses relatives au handicap, à l’égalité hommes/femmes, l’inclusion sociale, un budget qui se monte à 18 milliards d’euros pour 2016 (contre 18,1 milliards cette année).
Chaque année dans ce cadre diverses rencontres sont organisées entre les rapporteurs spéciaux et les services des Ministères concernés ou des acteurs des thématiques traitées. C’est ainsi que j’ai pu rencontrer la semaine dernière la directrice des finances, des achats et des services du ministère des Affaires sociales.
L’échange permet de faire le point sur les nouveautés inscrites dans le budget de l’année à venir, évidemment le constat est vite fait des baisses de dépenses, des suppressions d’emplois... la directrice nous explique ses méthodes pour optimiser les coûts, réduire les dépenses, on apprend que dans chaque service sont nommés des « cost killers » (ceux dont le travail consiste à « tuer les coûts »), on évoque la rationalisation, la mutualisation, la culture de la recette…
La directrice nous dit à un moment de l’entretien : « Il nous faut être imaginatifs pour trouver plus d’efficience », il faut tenir compte de « l’attrition des ressources », « être à l’affût des inducteurs de charges », tous ces termes ont bien été utilisés lors de l’entretien !
Je me permets de l’interrompre un instant pour lui dire ceci : « Madame la Directrice, j’ai l’impression que vous passez plus de temps à la recherche d’économies de gestion qu’à la mise en œuvre des politiques du Ministère... »
Son sourire valut réponse.
Toutes les directions reçoivent ce genre de consignes (de Bercy j’imagine), ces personnes sont devenues des apothicaires de l’austérité, veillant à leur stricte application.
J’ai failli oublier un moment que j’avais en face de moi des représentants du Ministère des Affaires... « sociales », j’échangeais avec des gestionnaires du chiffre, souvent loin de l’humain.
C’est ce que l’on leur demande de faire, pour l’instant.
