Peut-être allez — vous penser que j’ai inversé les termes dans ce titre, qu’il faut comprendre en fait que c’est le politique qui est le régulateur de la finance... et bien je persiste et je signe, sans paranoïa de ma part, après la crise financière de 2008 tous les responsables politiques, même à droite avaient eu des déclarations parfois très radicales :" ils sont allés trop loin cette fois, il faut moraliser le capitalisme, les excès c’est fini... etc., etc.
Certes des mesures limitées furent prises ici et là, on a fait plier quelques banques peu scrupuleuses, d’autres sont poursuivies en justice, certaines ont même payé des amendes conséquentes, mais à l’évidence le lobby bancaire a montré toute l’étendue de sa puissance et de son influence jusqu’aux plus hautes sphères du pouvoir politique ; j’entends déjà les libéraux pur jus me dire :" mais votre vision des choses est très négative, idéologique (ça c’est impardonnable au monde de la pensée unique), c’est une posture, vous avez tendance à diaboliser la finance pourtant si essentielle au fonctionnement de l’économie... »
Oui la finance est essentielle effectivement lorsqu’elle s’intéresse à l’économie réelle, celle qui est censée veiller à la satisfaction des besoins de l’humanité ; c’est quand la finance tourne sur elle-même que les choses se gâtent, quand le moyen devient le but en fait, la finance autocentrée comme disent certains économistes.
Alors on allait voir ce qu’on allait voir, le politique allait reprendre la main après ces années de dérégulation folle... et puis au fil des mois on se rend compte en réalité que ce sont bien les financiers qui mènent la danse, le 25 juillet dernier la Commission des Finances du Sénat auditionnait Mme Valérie Plagnol proposée par le Président Larcher pour siéger au Haut Conseil des Finances Publiques, le CV de la candidate indique qu’elle a fait sa carrière au sein du Crédit Suisse banque privée (celle qui gère les fortunes) et HSBC France ensuite.
Cette semaine cette même commission a auditionné Monsieur François Villeroy de Galhau, ex-directeur de cabinet de DSK en son temps et aussi ex-directeur délégué général de la BNP Paribas pendant de nombreuses années... on va finir par penser qu’il n’y a de compétence que dans les grands dirigeants des grandes banques internationales !
Ca devient répétitif et lassant à la fin et surtout ça interroge sur la capacité ou la volonté des États à réguler la finance afin de la remettre au service de l’économie réelle. Sans tomber dans « la posture idéologique », nous sommes tous en droit de nous interroger sur cette omniprésence des financiers dans la sphère des finances publiques...
C’est qui le chef bon sang !
