Comme convenu, j’ai souhaité revenir ici sur ce déplacement aux Etats-Unis à la découverte des grandes entreprises américaines du numérique citées la semaine dernière, en fin de billet nous évoquions une nouvelle dimension de l’économie libérale, il nous faut cette semaine illustrer cette perception de quelques données concrètes.
Les grands groupes de l’internet ont la puissance que les milliards d’êtres humains leur confèrent en transférant volontairement et souvent de manière très ludique des milliards d’informations et de données. Ainsi savez-vous que chaque minute dans le monde ce sont 300 000 tweets qui sont échangés, 15 millions de SMS, 204 millions de mails et que 2 millions de mots clefs sont inscrits dans le moteur de recherche de Google, oui chaque minute !
Depuis 2010 l’humanité produit autant d’informations en deux jours qu’elle ne l’a fait depuis l’invention de l’écriture il y a 5 300 ans, et 98 % de ces informations sont consignées sous forme numérique. Nous vivons en fait sans le savoir véritablement, l’histoire d’un asservissement volontaire à des systèmes d’information. L’objectif de ce que l’on appelle les « big data », ceux qui collectent nos données personnelles, est ni plus ni moins de débarrasser le monde de son imprévisibilité, d’en finir avec la force du hasard. Dans certains domaines c’est sans doute louable, mais dans d’autres ?
Dans un univers où 95 % de l’information émise par l’homme et les machines deviendra disponible, on ne raisonnera plus sur des échantillons représentatifs, mais sur une connaissance intégrale ! On imagine aisément les débouchés commerciaux et marchands auxquels les groupes pourraient accéder ! Quant à un pouvoir politique... Apple, Microsoft, Google détiennent 80 % des informations personnelles de l’humanité, c’est une ressource considérable.
Demain peut survenir le monde de la surveillance totale où la vie privée pourrait devenir une anomalie, à Londres près de 300 000 caméras sont installées dans la ville afin de surveiller les espaces publics, la police estime que chaque jour un habitant est filmé jusqu’à 300 fois. Quand on pense que Facebook a 1,6 milliard d’usagers sur 2,5 milliards d’humains qui ont accès à internet, en effet 4 milliards de nos voisins de la planète n’y ont pas accès.
Le numérique est une réelle opportunité pour changer la vie des gens, mais si l’on n’y ajoute pas la démocratie, la transparence et l’intérêt général, nous allons au-devant de réels dangers.
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