La décision de nos amis britanniques de quitter l’Union européenne n’en finit pas de susciter commentaires et remarques qui vont un peu dans tous les sens. Décidément cette Union européenne a beaucoup de mal à gérer les soubresauts démocratiques de ses peuples, dans les trop rares occasions où ils peuvent s’exprimer.
Nous avions, la semaine dernière au Sénat, une audition, dans le cadre du groupe de suivi du Brexit, que j’ai déjà évoqué ici. L’intérêt des auditions réside essentiellement dans la personnalité des invités. Lors de cette séance, nous avons entendu Madame Nicole Fontaine, ancienne ministre de Jean-Pierre Raffarin et présidente du Parlement européen de 1999 à 2002. L’autre invité était Jean-Luc Sauron, universitaire, tous deux spécialistes des sujets européens évidemment.
Depuis le début de ces auditions, j’avais eu l’occasion à plusieurs reprises d’exprimer une certaine frustration, à savoir l’absence d’autocritique des « Européens » sur les causes de cette situation.
Madame Fontaine, libérale convaincue, eut des mots qui m’ont agréablement surpris. Elle évoque sans ambages le poids de la technocratie, l’excès du libéralisme. Elle s’interroge ensuite dans les termes suivants : « Effectivement, cette interrogation est pertinente, l’Europe a été capable de légiférer sur la courbure de la banane ou la recette du camembert, mais à aucun moment durant ces 60 années il ne fut question de construire un espace harmonisé par le haut, qui peut-être aurait pu séduire les peuples ».
M. Sauron tint un propos tout aussi intéressant. Il décrit une profonde crise démocratique au Royaume-Uni, un pays laboratoire de ce qui pourrait attendre toute l’Union européenne. Le Brexit est, selon lui, la conséquence de 60 années de dislocation des Etats, de leur affaiblissement organisé, car les Etats disparaissent des modes de régulation économique (merci Maggie et consorts…).
Au fond, nous dit M. Sauron, nous sortons de la structure géopolitique de l’après-guerre. Et Madame May rêve d’une Grande-Bretagne mondiale, elle marche main dans la main (au sens propre et au sens figuré) avec le nouveau locataire de la Maison Blanche. Immortelle relation spéciale entre Washington et Londres. L’universitaire évoque la Turquie, la Russie… le monde change et toujours dans l’intérêt du business et des affairistes.
Et la démocratie dans tout ça ? J’ai relevé un mot particulier dans le propos : « Démocrature ».
Heureusement l’espoir ne meurt jamais !