Les temps de crise ne sont pas bons pour la culture. Une baisse de 4,3 %, soit 110 millions d’euros en moins, est envisagée dans le projet de loi de Finances pour 2013. La baisse devrait se poursuivre durant les années à venir, avec un budget de 2,38 milliards pour 2014 et de 2,35 milliards pour 2015. Parent pauvre, la culture est donc au plus mal et ce n’est pas le budget proposé qui va lui redonner de la vigueur. De l’enthousiasme, il en faudrait pourtant pour insuffler un des fondamentaux de la gauche, à savoir, considérer la culture comme un outil d’émancipation humaine et de progrès social.
Mais de ce ministère et des ambitions de Malraux, il ne reste que des mots, des intentions. Nous attendons des actes majeurs. Depuis une vingtaine d’années, le manque d’implication dans les affaires culturelles est criant : les structures perdurent tant bien que mal, alors que les moyens diminuent en continu. Les DRAC avaient pour projet de porter une politique nationale dans chaque territoire. Mais les lois de décentralisation ont vu peu à peu s’effacer l’État au profit des régions et les difficultés financières ont vu le jour. En effet, la culture subit de plein fouet la disparité des situations d’un territoire à l’autre. L’État, censé être garant d’égalité de traitement, devrait remplir son rôle de subsidiarité auprès des collectivités locales afin de
réduire les charges financières, mais il ne le fait pas !
Et que dire de la situation du spectacle vivant, de la création artistique, de la presse, tant l’obscurité du tunnel semble épaisse. Dans cet horizon morose, le candidat François Hollande avait pris deux engagements : celui de mettre en chantier une grande loi d’orientation et de programmation et celui de sanctuariser le budget de la Culture. Avec les chiffres annoncés, nous sommes très loin d’atteindre le 1 % du budget total de l’État ! Faut-il croire à une incohérence fortuite du gouvernement affirmant comme priorité l’éducation et la jeunesse et considérant
la culture hors de ce champ ? À ce propos, l’art et la culture
à l’école ne se limitent pas à l’enseignement de l’Histoire-
géographie. Mais plutôt, ils répondent à des enjeux
d’éducation fondamentaux comme l’acquisition d’une culture commune, l’éducation à la citoyenneté ou la lutte contre les inégalités et constituent un vrai moyen de réussite scolaire, un vrai tremplin pour la vie.
La politique culturelle est donc en panne de projet, d’ambition et d’imagination. Aussi, pour faire vivre l’action culturelle, pour viser la diversification des
publics, il faut une politique forte, passionnée. Il nous faut une nouvelle ambition, il faut tendre non à la démocratisation, mais à la démocratie culturelle par une meilleure appropriation par tous des enjeux en la matière. Pour y parvenir, il nous faut un service public refondé, en concertation avec les professionnels du secteur et leurs besoins au service de la population,
et intégrant les collectivités territoriales. Celles-ci se sont
beaucoup impliquées et ont beaucoup investi ces dernières
années. Elles attendent un engagement fort de l’État, il en
est de même pour le sport.
L’émancipation politique ne sera pas possible sans émancipation culturelle, car la culture ne sera jamais un supplément d’âme. Au contraire, dans ces temps d’austérité, la culture est ce qui permet de maintenir un destin individuel, mais aussi de participer à l’élaboration d’un destin collectif. La culture, c’est le soleil dont nous avons tous besoin par mauvais temps. C’est tout le sens de l’engagement du groupe CRC au Sénat en faveur de la relance des politiques
publiques de l’art et de la culture et pour la refondation d’un grand service public de la Culture qui permette de rendre accessibles à toutes et à tous les œuvres de l’humanité sur l’ensemble du territoire. Jean Vilar en rêvait, à nous de le concrétiser !