Quand les grands groupes changent le monde...

« L’oppression étatique »

Publié le 24 février 2015 à 16:55 Mise à jour le 8 avril 2015

Billet paru dans Liberté Hebdo.

Les libéraux n’aiment pas l’État ou sont au moins méfiants, il opprime, il régule, il prélève des impôts insupportables et les empêche surtout de créer des richesses pour leurs prochains. Donc depuis plus de trois décennies maintenant c’est une véritable guerre qui s’est déroulée contre « l’oppression étatique ».

Ils se sont organisés avec les Thatcher et autres Reagan, soutenus par tous les néolibéraux du monde pour réduire à sa plus simple expression sa sphère d’intervention aux fonctions régaliennes comme la justice, la police, la défense, l’émission de monnaie et la diplomatie, tout le reste peut être assumé, géré et organisé par le « marché » et les affairistes.

Leur philosophie gagne en influence dans l’opinion, car les gouvernements successifs en refusant de s’attaquer aux logiques financières à l’œuvre de par le monde, renoncent à lutter contre les inégalités, contre le chômage et à construire une société plus juste et plus humaine, oui M. Mulliez, toujours ce charabia idéologique !

De plus les grands groupes, en ne payant pas leurs impôts ou très peu, réduisent d’autant les capacités d’action des Etats et ils sont puissants les bougres ! Les ventes de TOTAL représentent 5 fois le PNB du Ghana, du Kenya ou de la Tunisie, que celles de Nestlé atteignent deux fois la richesse du Costa Rica, en fait, face à des Etats désargentés les multinationales ont, elles, les moyens financiers de leur politique.

Ainsi à l’automne 2013, le groupe Nestlé crée la surprise en lançant son « plan pour la jeunesse », il s’engage à recruter et former 20 000 jeunes de moins de 30 ans en Europe dans les 3 ans qui viennent. José Lopez, responsable monde des opérations dans le groupe agroalimentaire, l’homme fort de Nestlé, n’a plus seulement à gérer 465 usines, près de 4,5 milliards d’investissements annuels, le voilà qui donne des cours aux paysans de toute la planète, lance un plan café, un plan cacao, édifie 40 écoles en 4 ans, 300 000 producteurs ont été formés en 2013. Dans certains pays il se fait à la fois ministre du Plan, de l’Éducation, de l’Agriculture. En fait, si l’on n’y prend garde, la puissance peut changer de camp face à des États affaiblis, un vrai changement dans la gouvernance mondiale...

ÉricBocquet

Sénateur du Nord
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