Quand le vernis social du FN craque au Sénat

Activité parlementaire

Publié le 30 janvier 2015 à 09:07 Mise à jour le 8 avril 2015

Nous vivons une situation inédite et à bien des égards confuse. Qui aurait dit il y a quelques semaines encore que le FN saluerait la victoire de SIRYZA ?

J’ai personnellement vécu l’expérience d’une circonscription (l’ancienne 14ème du Pas de Calais) très majoritairement inscrite à gauche (celle où précisément Marine LE PEN se présente) où le député de Droite Jean Urbaniak s’était fait élire en 1993 sur un programme « ni droite ni gauche ».

Il nous a fallu travailler durant plusieurs années pour démasquer l’imposture (en rendant publics ses votes à l’Assemblée Nationale) et avions failli à l’époque, à quelques dizaines de voix près, remporter cette circonscription avec notre camarade Yves COQUELLE.

Il faut que nous soyons à la hauteur des exigences, en mettant en place, par exemple, une cellule d’observation des votes et positionnements du FN maintenant que les électeurs et grands électeurs ont voulu porter quelques-uns d’entre eux dans les instances parlementaires !! Nous laissons le FN développer des discours démagogiques, d’ailleurs différents au Nord et au Sud, donner de leçons, laver plus blanc que le blanc sans même vérifier leurs actes ! Prenons par exemple les grands textes législatifs les plus récents.

Le Projet de loi de Financement de la Sécurité Sociale pour 2015 pour commencer.

Le Front National a fait craquer son vernis social. Les 7,5 milliards d’euros de coupes budgétaires imposées à l’Assurance Maladie et aux Hôpitaux – rien à redire ; les 25 milliards d’exonérations des cotisations sociales accordées essentiellement aux grandes entreprises – rien à redire – la remise en cause de l’universalité des prestations familiales – rien à redire ! l’amendement voté par l’UMP et l’UDi-uc reportant à 69 ans l’âge de la retraite à taux plein – rien à redire- les difficultés rencontrées par les salarié(e)s et les associations d’aide à domicile – rien à redire – l’augmentation du taux de CSG pour 460 000 retraités – rien à redire - . En fait les 2 sénateurs FN, pourtant surmédiatisés à leur arrivée à la Haute Assemblée, n’ont même pas fait le déplacement ! 0 minute de présence, 0 intervention pendant les 40 heures de débat !!!

Projet de loi de Finances pour 2015. Les Sénateurs FN ont manqué 21 des 30 scrutins publics et donc sur les articles les plus importants. Ils n’ont déposé que 8 amendements sur un texte qui a mobilisé la haute Assemblée du 20 novembre au 9 décembre ; 5 n’ont même pas été soutenus faute de présence. David RACHLINE a mis sur le compte des intempéries sur Fréjus, la ville dont il est le maire, le fait de ne pas avoir fréquenté sa commission pendant 2 mois. On n’ose imaginer la quantité de pluie qui a du s’abattre en deux mois sur l’antique cité romaine de la côte varoise !

Au-delà de l’anecdote, c’est le positionnement attrape-tout du Front National qui devrait le mettre en situation difficile pourvu qu’on sache mettre en exergue ses contradictions.

Rappelons que le programme du FN de 2012, non démenti jusqu’alors, préconise de « restaurer l’égalité des français devant l’impôt et une répartition juste entre petites et grandes entreprises » - une assertion habile pour ferrer des électeurs ouvriers ou issus des couches populaires et en même temps, nombre d’artisans et commerçants rattrapés par la « crise ». Ce serait cependant oublier la proposition cardinale du FN sur la dette publique, à savoir : La maitrise dans la durée de l’endettement public sera inscrite dans une loi cadre qui instaurera à terme l’obligation d’un déficit structurel égal à zéro afin qu’aucune mesure budgétaire ne soit gagée par la croissance. Fin de citation

En clair, le FN s’avère plus dur encore sur la trajectoire des finances publiques que ne peut l’être le Traité budgétaire européen (que par ailleurs, il n’a pas voté). Et il préfère, en réalité, mettre en place dans notre pays (en toute indépendance en quelque sorte) une sorte de « règle d’or » au carré, encore plus contraignante que celle adoptée par ce qu’il a beau jeu d’appeler l’ « UMPS » !

Et viva Syriza !

Dominique Watrin

Sénateur du Pas-de-Calais
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