Quand l’espoir se meurt

Echos d'une permanence de sénateur

Publié le 3 mars 2014 à 14:42 Mise à jour le 8 avril 2015

Lors de mes permanences hebdomadaires dans mon département, je rencontre les citoyens, les associations, les syndicats. C’est l’un des volets de mon action qui complète le travail législatif au Sénat. Les situations évoquées peuvent être diverses, mais le sentiment général est celui du renoncement.

Renoncement à l’espoir de lendemains meilleurs, renoncement au changement que le candidat François Hollande avait promis, résignation face à la pression fiscale et aux politiques d’austérité du toujours plus de restrictions avec au final beaucoup moins de droits pour tous. Tels sont les propos qui ressortent de ces entretiens avec une population en proie aux doutes, aux interrogations et quelquefois, à la perte d’espoir. Beaucoup pensaient que François Hollande était un candidat vraiment de gauche qui œuvrait pour le progrès social et qui allait se battre pour que l’Europe avance dans ce sens-là. En fait, il recule face à la finance.

Les élus locaux rencontrés sont eux aussi assommés. Ils me témoignent de leur étonnement face à l’acharnement du Gouvernement à aller chercher de l’argent en rognant 4, 5 milliards d’euros de dotations aux collectivités. Pour eux, c’est la plus grave des fautes : les communes et les intercommunalités sont au plus près de la population. Au contraire, il fallait prendre une partie des 170 milliards des niches fiscales et créer des tranches supplémentaires de l’impôt sur le revenu.

Cela aurait permis de relancer les travaux, les investissements... On n’aura pas de perspectives de changement dans notre pays si on n’a pas de socle commun stable porteur de progrès. Je dois avouer que cette morosité ambiante m’inquiète pour l’avenir tant en terme de confiance dans les élus, que pour redonner un souffle d’espoir nouveau à nos concitoyens. Ce gâchis engendre désillusions et mécontentement.

Cette détresse, je la ressens fortement lors des échanges à ma permanence. Elle doit nous alerter sur la réalité sociale du pays. C’est le signal d’alarme d’une situation qui ne peut plus durer et dans laquelle, le Gouvernement devrait jouer un rôle majeur pour redonner confiance et mettre en œuvre la devise républicaine, « Liberté, Égalité, Fraternité ». De ces rendez-vous, je retiens néanmoins deux mots : la passion et la satisfaction. Écouter les gens, entendre leurs problèmes, voire leurs souffrances et tout faire avec passion pour les aider à les surmonter, c’est ainsi que j’essaie d’être utile dans l’exercice de mon mandat, c’est une source de satisfaction.

Si le roi se meurt, l’espoir vivra, car comme le souligne Simone Weil, « jamais l’Homme ne peut accepter la servitude et ne pas se sentir libre, car il pense ». Et à mon tour d’ajouter que l’homme le plus libre est celui qui a le plus d’altruisme pour ses semblables.Michel le Scouarnec, sénateur du Morbihan.

Michel Le Scouarnec

Ancien sénateur du Morbihan
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