Détournons le proverbe populaire suivant en disant « Qui paye ses dettes LES enrichit ». Mais qui donc « LES » ? Mais ceux qui vous prêtent de l’argent pardi ! Cette nouvelle version me vient régulièrement à l’esprit quand j’entends les économistes libéraux (les seuls quasiment que l’on entende à vrai dire) et les ministres opposer l’argument de la dette à toute velléité parlementaire de faire avancer des mesures de justice fiscale et sociale, ils nous expliquent doctement qu’il faut d’abord résorber la dette, après peut-être...
D’un point de vue strictement arithmétique, la dette provient de l’écart entre dépenses et recettes, évidemment la version « politiquement correcte » (encore une formule célèbre de la pensée unique !) est que la France aurait un niveau de dépenses publiques excessif. Et lorsque l’on regarde du côté des recettes, on comprend mieux certaines choses.
Si la dette a augmenté, c’est d’abord parce que tout au long de ces années l’État s’est systématiquement privé de recettes en exonérant les ménages aisés et les grandes entreprises du fait de la multiplication des « cadeaux fiscaux », encore la semaine dernière au Sénat avec les allègements de charges du « Pacte de responsabilité et de Solidarité ».
Donc quand le gouvernement refuse d’abaisser le seuil d’imposition à l’ISF de 1,3 million à 800 000 euros, il décide d’alourdir la dette !
Mais le sommet du cynisme de ce système vient ensuite. Au plus fort de la crise financière et bancaire des années 2007 et 2008, les états ont volé au secours des banques en apportant des garanties, mais aussi des fonds, on parle pour la France de 20 milliards d’euros, empruntés sur les marchés financiers donc les banques, une partie de la dette est donc due au renflouement des banques !
Si je me résume, pour réduire la dette, serrez-vous la ceinture, réduisez votre train de vie, remboursez vos dettes, enrichissez les banques qui nous prêteront un jour au besoin pour... rembourser la dette... vous suivez ? Les moins jeunes d’entre nous et les autres sans doute aussi, se souviennent de cette série télévisée des années 70 « Les Shadoks » qui passaient leur temps à pomper et avaient une devise pleine de sagesse : « Il vaut mieux pomper même s’il ne se passe rien que risquer qu’il se passe quelque chose de pire en ne pompant pas ».
Je rencontre beaucoup de gens ces temps-ci qui en ont assez que l’on fasse toujours pomper les mêmes...
Allez, courage !