Dimanche dernier, l’extraordinaire levée en masse du peuple de France, des peuples du monde, nous a tous touchés, émus, bouleversés et rassurés aussi, après le cauchemar de la barbarie que nous avons vécue avec l’attentat contre Charlie Hebdo et les prises d’otages qui ont suivi.
Cette foule immense, debout et digne, est venue dire qu’elle aimait la République, qu’elle tenait à ses valeurs, à la liberté, à la laïcité, au vivre ensemble, à la démocratie. Cette même foule, décrite depuis un moment, comme triste, dépressive, suicidaire, résignée, s’est levée pour réagir à l’horreur. Notre pays a tout à coup retrouvé son âme, et c’est un vrai bonheur.
Ce peuple a aussi montré sa force avec sa volonté. Alors on se prend à imaginer un tel mouvement pour enfin s’attaquer aux problèmes profonds de notre société. Imaginez la puissance de ce mouvement, appuyant un pouvoir qui s’attaquerait enfin à la domination du monde de l’argent, quand les obstacles se dressent sur la route du changement, l’audace serait d’en appeler à la force consciente de ce peuple pour faire sauter les verrous. Quand on renonce à cette ambition, on laisse la place à la désespérance, à l’obscurantisme et au fanatisme.
Parce qu’il faut que vous sachiez, Mesdames et Messieurs, mais peut-être le savez-vous déjà, que pendant que l’effroi et l’inquiétude nous saisissaient et nous plongeaient dans le doute, avant cette magnifique réaction populaire, la Bourse de Paris a superbement ignoré les terroristes.
Selon le JDD de dimanche dernier, le CAC 40 a même affiché un gain de 2,3 %, le commentaire du journaliste est édifiant : « Enfermés dans leur monde, les investisseurs ont finalement plus peur d’Alexis Tsipras en Grèce qui ne veut pas rembourser les dettes, que des frères Kouachi qui voulaient mettre à terre notre liberté ».
Oui, le peuple est aujourd’hui réhabilité par les puissants, jamais écouté, jamais entendu, souvent trahi… seule cette force consciente pourra imposer l’autre société qui ne laissera plus jamais aucun jeune sans espoir, sans autre projet que de mourir en martyr pour « devenir quelqu’un ».
