Le score annoncé du FN aux élections départementales (par les sondeurs) est au cœur de tous les débats et au fond empêche certainement de se poser les vraies questions. Petit retour sur l’histoire des 40 dernières années vécues par beaucoup d’entre nous, quelques dates et rappels.
1972 : Création du Front national par la fédération de toutes les droites extrêmes de notre pays, avec JM Le Pen à la présidence du parti.
1974 : Le Pen est candidat à l’élection présidentielle sous l’étiquette « Droite nationale, sociale et populaire », il obtient 190000 voix sur 30 millions exprimées soit 0,75% !
1981 : Pas de candidat FN à la présidentielle
1983 : 1er choc ! A l’occasion d’une municipale partielle à Dreux le RPR et le FN fusionnent pour battre la gauche en place, et obtiennent ensemble 55,3% des voix, le FN entre à la mairie avec 10 élus dont 3 adjoints, gagnant ainsi un certificat d’honorabilité. Le RPR parlera alors d’un accord purement local... la digue est rompue.
1984 : Élections européennes en juin, la liste FN obtient près de 11% des voix, autant que le PCF. Deuxième choc ! Départ des ministres communistes du gouvernement.
1986 : Après les cantonales de 1985 désastreuses pour le Parti socialiste, F. Mitterrand tient curieusement une promesse de 1981, il instaure le scrutin à la proportionnelle pour les législatives de l’année suivante qui s’annoncent là aussi « difficiles » pour le gouvernement socialiste. Beaucoup parleront de manœuvre diabolique du Président afin de rendre la droite inéligible ou tout au moins de limiter sa majorité. Le FN obtient 35 députés. Nouveau choc ! Regardez d’ailleurs les comptes-rendus des séances de l’Assemblée Nationale des années 86 à 88, vous verrez à quel point le FN défendait le « monde du travail »
1995 : présidentielles, Le Pen obtient 15% voix
2002 : le séisme ! Le Pen présent au second tour de la Présidentielle avec ses 16,86% du 1er tour, Jospin éliminé.
2007 : léger recul pour Le Pen qui ne rassemble « que » 10,54% des suffrages, certaines mauvaises langues diront qu’une partie des voix du FN ont été siphonnées par un certain N. Sarkozy.
2012 : présidentielles, Marine Le Pen obtient 17,9%
2014 : Élections européennes, FN=25%
Alors à l’approche des départementales qui s’annoncent difficiles pour le PS, on essaie de nous refaire le coup du « vote utile » à gauche, de la peur panique. La vraie réponse pour enrayer cette croissance du vote FN ce sont des actes forts. Les discours aussi virulents soient-ils ne convaincront pas. Le vote pour l’extrême droite naît et prospère sur le terreau des renoncements successifs depuis plus de trente ans, des affaires, des déceptions qui génèrent de la désespérance.
Les communistes et leurs amis du Front de Gauche appellent dans cette campagne à réagir, à se mobiliser pour faire reculer le fatalisme entretenu par tous ceux qui nous expliquent qu’il n’y a pas d’alternative aux choix faits par les uns et les autres, successivement. Aucun scénario n’est écrit à l’avance, rien d’inéluctable...
Je n’aimerais pas entendre ce commentaire au soir du 22 mars, entendu lors de chaque soirée électorale : « Oui nous devons entendre le message que les électeurs ont lancé à l’ensemble des forces politiques... »