La parution récente de l’ouvrage d’un proche du tortionnaire Aussaresses, même si les propos rapportés –selon lesquels il aurait été poignardé – ne reposent sur aucune preuve matérielle, vient de remettre une nouvelle fois sur le devant de la scène l’affaire Maurice Audin.
On se souvient que le jeune mathématicien, membre du Parti communiste algérien, avait été enlevé en juin 1957 par les parachutistes français, torturé, puis donné pour disparu. Le mensonge d’État perdure donc, bien que de nombreuses voix se soient élevées pour enjoindre les gouvernements successifs de faire enfin toute la lumière sur cette sinistre période de notre histoire.
L’an dernier à la même époque, à la veille de la première visite à l’état algérien du Président de la République, François Hollande, je lui avais écrit pour le prier de profiter de cet événement pour exhumer les archives concernant la disparition de Maurice Audin. « Aujourd’hui, écrivais-je, plus de cinquante-cinq ans après ce crime d’État, notre nation s’honorerait de répondre à l’exigence de vérité, non seulement de la femme et des enfants de Maurice Audin, mais des familles de milliers de jeunes Algériens disparus après leur interpellation par des militaires français. »
Qu’en est-il un an plus tard ? Le Président de la République a fait remettre à Mme Josette Audin des documents d’archives vides de tout élément nouveau. Des faits attestés nous rappellent pourtant à quel point la violence et le crime d’État sont indissociables du colonialisme : outre l’assassinat de Maurice Audin, comment oublier la sauvage répression du 8 mai 1945 à Sétif, le massacre du 17 octobre 1961 à Paris, ou encore le massacre du 8 février 1962 au métro Charonne ?
Pour apaiser enfin la douleur de toutes les victimes civiles et militaires, pour redéfinir des relations saines avec le peuple et le gouvernement algérien, il est plus que jamais indispensable et urgent de dire les responsabilités de l’état français, de les assumer. Des deux côtés de la Méditerranée, les populations, jeunes et moins jeunes, ayant connu la guerre ou non, manifestent une immense soif de vérité sur cette période sombre, estimant, à raison, que tant que perdureront secrets, non-dits et tentatives révisionnistes, France et Algérie ne pourront garantir la paix et la fraternité entre leurs peuples.
Car tout travail de mémoire, pour être réparateur, passe avant tout par l’expression de la vérité. C’est la raison pour laquelle je prépare une proposition de loi qui, défendue par notre groupe, pourrait être à même de faire avancer ce douloureux dossier.