Du millefeuille au pudding

Réforme territoriale

Publié le 7 janvier 2015 à 10:25 Mise à jour le 8 avril 2015

Billet paru dans Liberté Hebdo.

Gambrinus, Lydéric, Gayant, Reuze papa, Reuze maman, chacun connait sans doute ces noms familiers de notre région, ils désignent nos traditionnels géants du Nord Pas de Calais, personnages bien connus de nos fêtes et kermesses.

Ce billet ne se transforme pas tout à coup en une chronique vantant les mérites touristiques de notre région, même s’ils sont désormais largement reconnus. Mais vous le savez désormais notre région vient de voir son périmètre élargi puisque le 1er janvier 2016 le Nord Pas de Calais et la Picardie constitueront l’une des nouvelles très grandes régions de France.

Ainsi donc la réforme territoriale semble opter pour une logique de « gigantisme » au nom de la mise en concurrence économique des territoires de la République. L’on essaie de nous convaincre que c’est là la voie de la réussite et de la prospérité.

Gigantisme encore avec les grandes métropoles, au nombre de 9 plus les métropoles particulières de Paris, Lyon et Marseille. Pour notre région c’est Lille Métropole Communauté Urbaine qui devient la « Métropole Européenne de Lille », MEL, avec des compétences nouvelles et aussi dans le même temps des moyens financiers... diminués !

Enfin le redécoupage des cantons donne naissance là encore à des entités beaucoup plus vastes avec des périmètres dont la pertinence nous laisse parfois perplexes. On en profite pour diviser leur nombre par deux, par contre le nombre d’élus restera le même puisque cette fois nous élirons des binômes paritaires, bien pour la parité hommes femmes. Pour le reste....

On s’interroge dès lors sur la place du citoyen dans cette nouvelle organisation territoriale, personne n’a le sentiment d’ailleurs d’avoir été clairement informé et encore moins consulté. Il s’agit, nous dit-on, de réaliser des économies substantielles, à voir... et surtout de mettre fin à ce « millefeuille » territorial, où les citoyens ne se retrouveraient plus. Vous a-t-on interrogé à ce sujet ?

Au-delà des alternances, curieusement cette tarte à la crème du millefeuille nous est resservie jusqu’à l’indigestion. Le problème dans l’affaire est quand même qu’en mettant à mal ainsi la proximité, tant appréciée de nos concitoyens, le mot « commune » semble avoir disparu du système, c’est pourtant l’échelon idéal de la « proximité ». On peut douter de la clarification des choses dans l’esprit des Français, après la tarte à la crème du millefeuille on risque d’être confronté à la lourdeur d’un pudding administratif.

Bon appétit à tous !

ÉricBocquet

Sénateur du Nord
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