Rendons d’abord à César ce qui appartient à César, ce titre n’est pas sorti de mon imagination, mais de celle de Marc Roche, journaliste financier, correspondant du journal « Le Monde » à Londres jusqu’au 1er août dernier. En effet, ce terme né de la fusion des deux mots anglais « bankers » et « gangsters » est le titre du livre qu’il vient de publier et dont je vous recommande vivement la lecture.
Marc Roche est un fin connaisseur de la finance internationale, après avoir couvert pendant 25 ans l’univers de Wall Street et de la City ; ce qui lui permet de nous proposer un carnet de route sans complaisance, un voyage intérieur et une enquête fouillée sur un monde très fermé, très puissant, celui des « banksters », dominé par l’opacité et aussi nous dit-il, l’impunité !
Un livre très clair, pédagogique, accessible à tous, sans jargon ni formules complexes, un regard original et des formules qui font mouche. Le livre nous emmène par exemple sur un petit atoll du Pacifique qui répond au joli nom de Nauru, la plus petite république du monde, un confetti où sont implantées plus de 400 banques et sociétés offshore toutes domiciliées auprès d’une seule boîte postale ! Marc Roche nous décrit aussi par d’abondants exemples les connexions étroites entre les « politiques » et les lobbies financiers, notamment les anciens dirigeants du monde qui après avoir servi « l’intérêt général », humm..., forts de leurs carnets d’adresses utiles, travaillent pour la finance.
Tony Blair, Gerhard Schröder : Strauss-Kahn devenu par exemple banquier d’affaires au Luxembourg, tous ces leaders dont on nous vante à longueur de médias les gestions modèles aujourd’hui dans notre pays... Je ne peux développer davantage ici, vous verrez, c’est copieux, mais diablement digeste, lisez !
Le clou, c’est que ce constat est fait par un homme qui se définit comme un ami des capitalistes et qui dit ceci : « Je suis un libéral qui a toujours admiré le monde financier et ses opérateurs... mais depuis la crise (de 2008), je suis un libéral qui doute, un déçu du capitalisme, un angoissé de l’avenir ».
Il est probable que nos préconisations pour changer les choses divergeront sensiblement, mais quand même quelle bonne base de discussion pour avancer dans la diversité des options !
Et si j’ai bien compris le message ; il y a urgence à se mobiliser, car comme le dit Marc Roche page 131 : « La planète financière vit plus que jamais sur un volcan ».
Alors si on ne veut que tout cela se termine comme à Pompéi...