Monsieur le président, monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, chaque jour charrie son lot de provocations, à l’égard de notre groupe comme de tous nos concitoyens. Il y a d’abord eu la « potion amère » de M. About… (M. About s’exclame.) Nous ne l’avons pas digérée ! (Sourires.)
M. Nicolas About. C’est une provocation du groupe communiste !
Mme Annie David. … républicain et citoyen !
M. Guy Fischer. Il y a eu « l’évier bouché » de M. Longuet et il y a aujourd’hui les propos de M. Arthuis.
M. Nicolas About. Qu’a-t-il dit ?
M. Guy Fischer. Devant expliquer à Nicolas Sarkozy pourquoi et comment le groupe de l’Union centriste en était arrivé à voter contre l’article 4 de ce projet de loi, il a affirmé que c’était à cause de l’obstruction des sénateurs communistes ! (Sourires.)
M. Nicolas About. Mais, c’est vrai !
M. Georges Tron, secrétaire d’État chargé de la fonction publique. On vous martyrise !
M. Dominique Leclerc, rapporteur de la commission des affaires sociales. Enfin un coupable !
M. Guy Fischer. À vous croire, nous serions responsables de votre erreur,…
M. Nicolas About. Oui !
M. Guy Fischer. … et peut-être même du réchauffement climatique !
M. Nicolas About. Peut-être !
Mme Annie David. Quand il faut trouver un coupable, c’est que l’on n’est pas fier de soi !
M. Guy Ficher. Pour notre part, nous préférons voir dans le vote de M. Giraud l’expression de son subconscient (Sourires.) : nos débats, les exemples concrets que nous avons développés l’ont convaincu de l’injustice de ce projet de loi !
M. Nicolas About. On va voir…
M. Guy Fischer. Mais la réaction de M. Arthuis appelle deux observations.
Tout d’abord, vous ne supportez pas que nous ayons ici même, dans notre hémicycle, un débat que vous avez tenté, à tous les niveaux, de confisquer. Vous avez méprisé les organisations syndicales, vous avez contraint les députés au silence et vous déniez toute autonomie de pensée aux jeunes. Vous voyez en eux des jeunes manipulés, incapables de se prononcer sur un sujet aussi important que les retraites – à moins, bien entendu, qu’ils n’appartiennent à votre majorité, puisque, sauf erreur de notre part, nous ne vous avons pas entendus dénoncer l’existence d’une « branche lycée », l’UMP-Lycée, au sein du mouvement politique de jeunesse de votre parti ! Ceux-là, parce qu’ils défendent votre projet de loi, sont responsables, les autres, parce qu’ils y sont opposés, seraient manipulés !
En réalité, vous fuyez le débat. D’ailleurs, M. Longuet le concède lui-même : la lecture des dépêches nous apprend qu’il a en effet annoncé que le futur ministre du travail – ce sera peut-être lui ! (M. le ministre sourit.) – allait ouvrir une « phase de concertation » après l’adoption de ce projet de loi…
Mme Annie David. M. Woerth trahi par les siens !
M. Guy Fischer. Il a ainsi implicitement reconnu que cette phase de concertation n’a jamais débuté. Bel aveu !
Ensuite, vous ne supportez pas que, au cours de nos échanges, nous rendions la parole à nos concitoyens, lesquels ne comprendraient d’ailleurs pas qu’une nouvelle fois vous usiez d’un artifice réglementaire pour mettre autoritairement un frein à ces échanges.
Vous voudriez faire croire que « tout est plié ». Pour notre part, nous sommes convaincus que tout reste possible ; et si vous demandez en fin de discussion de ce texte une deuxième délibération sur l’article 4, c’est qu’il sera possible de voter à nouveau sur l’ensemble des articles de votre projet de loi, y compris sur le passage à 62 ans et à 67 ans.
M. Nicolas About. Non !
M. Guy Fischer. Grâce à l’erreur d’Adrien Giraud, nos concitoyens, qui manifesteront à nouveau demain et mardi, commencent à le savoir, et c’est cela qui vous insupporte !
Enfin, je voudrais également attirer votre attention sur la réaction de la police, monsieur le ministre. Aujourd’hui doit être opéré à l’hôpital Lariboisière un lycéen blessé par un tir tendu de flashball. Cet incident a fait l’objet d’un rappel au règlement ici même, hier après-midi.
Le fils de ma collaboratrice à Vénissieux, Guillaume, que je connais fort bien, manifestait hier à Lyon. Il m’a dit au téléphone, hier soir, que la police effectuait des tirs tendus au flashball à une distance de dix mètres ! Monsieur le ministre, il faudrait peut-être faire savoir à M. le Président de la République et à M. le ministre de l’intérieur qu’il existe de meilleures méthodes !
Nous ne voulons pas que les manifestations dégénèrent, car nous sommes des élus responsables. Il faut absolument que le calme règne des deux côtés, mais aussi que les jeunes soient entendus. On se rend bien compte, avec les 960 lycées qui, aujourd’hui, se lèvent contre votre réforme,…
Mme Muguette Dini, présidente de la commission des affaires sociales. Non, ils sont bloqués, c’est différent !
M. Guy Fischer. … de la réalité qui est au cœur des préoccupations des Françaises et des Français !