Avec la complicité du gouvernement, la majorité de droite comble le sénateur et patron de presse Serge Dassault

Publié le 9 décembre 2004 à 00:00 Mise à jour le 8 avril 2015

par Roland Muzeau

Nous protestons avec la plus grande vigueur contre l’attitude du gouvernement qui le 5 novembre a pris l’engagement, ici et à l’Assemblée nationale, de laisser les mains libres au patronat, et singulièrement de céder aux exigences des patrons de presse.

L’amendement n° II-183 rectifié de M. de Broissia et Mme Hermange sur le travail de nuit, définitivement adopté par la C.M.P. hier, a de fait été dicté par les dirigeants de la Socpresse. C’est ainsi une disposition essentielle de notre Code de travail qui va disparaître.

Vous avez dit vous rappeler, monsieur le Ministre, que le gouvernement s’en était remis à la sagesse du Sénat sur l’amendement n° II-174 rectifié quater de M. Dassault, considérant que la disposition qu’il prétendait instituer n’avait pas en tout état de cause un caractère obligatoire, ajoutant que le gouvernement avait émis un avis défavorable sur l’amendement n° II-183 rectifié. Vous ajoutiez qu’ayant décidé de consulter les partenaires sociaux sur le sujet du travail de nuit, vous nous renvoyiez aux débats à l’Assemblée nationale. M. About, président de la commission des Affaires sociales déclarait quant à lui que la commission était défavorable à une seconde délibération mais désapprouvait néanmoins l’adaptation de l’amendement n° II-183 rectifié sur le travail de nuit et souhaitait que la navette permette de l’écarter.

M. Borloo, à l’interruption de la séance, m’indiquait que le débat à l’Assemblée nationale permettrait de revenir sur cette disposition et j’apprends que la C.M.P. a avalisé une disposition qui institue des avantages anormaux, et à laquelle M. Dassault n’est d’ailleurs pas étranger. Je demande donc au gouvernement de déposer un amendement de suppression lorsque le Sénat statuera sur les conclusions de la C.M.P.

Roland Muzeau

Ancien sénateur des Hauts-de-Seine

Ses autres interventions :

Droit au logement opposable : explication de vote

Les sénateurs du groupe CRC se sont finalement abstenus lors du vote du projet de loi instituant un droit au logement opposable. Favorables à ce droit, bien avant la conversion subite du gouvernement, ils estiment que le texte voté est trop restrictif."Le processus d’opposabilité du droit au logement, a déploré Roland Muzeau, sera complexe, long et difficile à mettre en œuvre et ne sera pas le même partout. L’exemption dont bénéficieront certains territoires pèsera sur l’universalité du droit et l’égalité des demandeurs de logement devant la loi." Les sénateurs communistes se félicitent néanmoins de ce premier pas, accompli grâce à une mobilisation de terrain, et espèrent que le droit au logement prendra rapidement "un tour plus concret et plus ambitieux".

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