Demain, l’humanité aura consommé l’ensemble des ressources que la planète peut renouveler en un an. La « maison » que Jacques Chirac voyait brûler en 2002 est carbonisée... Et la France a ce projet fou d’une mine aurifère en Guyane, Montagne d’or, dont la fosse fera trente-deux fois le Stade de France, qui consommera 470 000 litres d’eau par heure contre 80 000 litres par an pour une famille guyanaise, 10 tonnes d’explosifs par jour et autant de cyanure par jour et produira 80 000 tonnes de déchets miniers chaque jour.
Ce projet présente un risque environnemental maximum, Madame la Ministre, et vous le savez puisque le barrage qui retient les boues cyanurées pourrait céder dans un département où la pluviométrie est forte. Cela s’est produit au Brésil en 2015 ou encore en Roumanie en 2010.
Autoriser ce projet synonyme de désastre environnemental, économique et social, n’est-ce pas totalement incohérent quand le président de la République fait le tour de la planète en répétant, la main sur le coeur, Make our planet great again ?
Mme Brune Poirson, secrétaire d’État auprès du ministre d’État, ministre de la transition écologique et solidaire . - Nous entendons vos inquiétudes et nous les partageons. En Guyane, en octobre dernier, le président de la République a dit son attachement à l’exemplarité des projets lancés sur ce territoire. Cela vaut pour les projets en général et pour le développement d’une filière aurifère en particulier. À propos de ce projet de mine d’or, le président s’est engagé, fin juin, lors de la clôture des Assises de l’outre-mer, à ce que « seules les exploitations exemplaires en terme environnemental et socio-économique puissent être envisagées en France ».
Sébastien Lecornu était en Guyane la semaine dernière pour faire le point. Le débat public sur la construction de la mine vient de se terminer, le rapport sera rendu public en septembre. Le Gouvernement a voulu que tous les acteurs - les entreprises, les élus, les ONG et les représentants des peuples amérindiens - puissent s’exprimer. En fonction des conclusions de ce rapport, des améliorations significatives seront demandées au porteur de projet, le Gouvernement y veillera.
Pour l’heure, le Gouvernement n’a pas pris de décision ferme. Une mission vient d’être lancée sur les enjeux socio-économiques et environnementaux des grands projets miniers en Guyane en général. Elle formulera des recommandations au Gouvernement sur les conditions dans lesquelles d’éventuelles exploitations minières de ce type pourraient voir le jour en Guyane.
Enfin, parce que je sais combien ce projet vous préoccupe, je tiens à vous préciser qu’il n’a pas bénéficié de subventions, mais de mesures fiscales comme tout projet économique en Guyane, sans distinction de secteur d’activité. Priorité sera donnée au recrutement local pour les emplois qui seront créés.
M. Fabien Gay. - Madame la Ministre, on vous sent gênée aux entournures. Il y a un tel écart entre la réalité et la communication macronienne ! La population guyanaise est majoritairement hostile à ce projet - 69 % selon une enquête du WWF, toutes les ONG sont contre ; les élus sont davantage divisés, c’est vrai.
Puisque vous parlez des emplois, le Gouvernement dépensera 420 millions d’euros pour 700 emplois non pérennes. Ce n’est pas une bagatelle ! Avec cette somme, il pourrait soutenir des projets économiques durables plutôt qu’une mine d’or qui, une fois l’argent public encaissé, recrutera au Surinam.
Cessons de mentir aux Guyanais. Après la révolte d’une ampleur inédite de l’an dernier, on leur a fait des promesses ; ils n’ont pas vu un centime de l’argent promis. Sur ce projet, qui est une aberration environnementale, sociale et économique, le Gouvernement choisit, une fois de plus, de protéger le capital.