Monsieur le Ministre,
Ma question porte sur l’avenir des Trains d’équilibre du Territoire (TET) dits Intercités suite au rapport remis, il y a quelques jours, par le Député Philippe Duron.
Si certains jugent que les recommandations émises sont moins dramatiques que ce qui avait circulé dans la presse, je pense pour ma part, que le fond du problème reste entier et qu’on prend ce problème à l’envers si vous me permettez l’expression.
Comme vous le savez, ces 34 lignes transportent quotidiennement environ 100.000 voyageurs, partout en France, 335 villes sont desservies, assurant des liaisons essentielles aux déplacements des Français-es. Leur vocation est de relier entre elles les grandes villes de notre pays, à une vitesse se situant entre le TGV et le train express régional (TER).
Le rapport fait le constat que nous partageons, de vieillissement du réseau et du matériel roulant, de temps de parcours parfois très longs en ces temps modernes et en conséquence d’une offre au final peu attractive.Autant de défauts qui aujourd’hui font que ces lignes sont qualifiées de ‘’parents pauvres’’ du réseau SNCF.
Face à ce manque d’investissements qui perdure depuis des années, la réponse apportée est la suppression de ces lignes jugées non rentables, la suppression de trains de nuits… Toujours la même rengaine, on laisse les choses se dégrader pour au final les juger uniquement sous l’angle de la compétitivité au lieu de prendre en compte le principe d’accessibilité, de droit à la mobilité pour toutes et tous qui devrait prévaloir quand on parle de service public.
Ces lignes dans le collimateur, j’en cite quelques-unes, Quimper-Nantes, Bordeaux-Toulouse, Marseille-Nice sont pourtant essentielles pour nombre d’habitant-es notamment pour des trajets domicile-travail, elles participent du désenclavement territorial. Les supprimer, c’est abandonner ces populations.
Si le gouvernement choisissait de suivre les préconisations du rapport Duron, on assisterait à des déserts ferroviaires. A ceci s’ajouteraient des fermetures de gares, de boutiques SNCF, des suppressions d’emplois. Et sans vouloir être alarmiste, même si ce sont uniquement 5 tronçons et des trains de nuit qui sont concernés dans ce rapport, on sait qu’une fois la tendance engagée dans cette direction, d’autres suppressions seront certainement programmées à l’avenir.
Mon inquiétude est hélas renforcée par des dispositions présentes dans le projet de loi ‘’ Croissance, Activité et égalité des chances économiques’’, dit loi Macron.C’est pourquoi, je souhaiterais savoir comment le gouvernement entend renforcer le service public ferroviaire alors qu’il entend parallèlement libéraliser les transports, par la création de dessertes par cars privés ? Nous sommes là face à une véritable contradiction et le risque est fort de sacrifier le rail au profit de la route. Mettre des cars low-cost sur la route plutôt que moderniser les trains me parait être une aberration écologique, notamment quelques mois avant la COP 21.
En conclusion, Monsieur le Ministre, je souhaiterais vous entendre sur la nécessité pour la France d’avoir un grand service public ferroviaire renforcé et modernisé répondant aux besoins des territoires et des populations.
Je vous remercie.