Mise en place de cartes bancaires prépayées

Publié le 26 janvier 2011 à 16:51 Mise à jour le 8 avril 2015

Question n° 16929 adressée à Mme la ministre de l’économie, des finances et de l’industrie
Publiée le : 27/01/2011

Mme Odette Terrade attire l’attention de Mme la ministre de l’économie, des finances et de l’industrie sur la prochaine mise à disposition de cartes bancaires prépayées.

En effet, ces cartes bancaires nouvelle génération fonctionnant comme une carte de téléphone seraient vendues dans les points de vente habituels comme les buralistes, les supérettes, les points presse ou les stations-service. Elles donneront au consommateur la possibilité de retirer de l’argent dans un distributeur automatique de billets (DAB) ou d’effectuer des achats sur Internet sans être client d’une banque. Il devra seulement acheter une carte vierge, sans crédit, puis se procurer des recharges. Le prix de vente de ces cartes serait fixé entre 8 et 15 euros selon les modèles avec un plafond de rechargement de 1 000 euros maximum.

Les publics que les deux principaux prestataires de ce type de carte convoitent sont des clients qui ont besoin d’une carte de paiement ponctuelle ou qui ne souhaitent pas utiliser leur propre carte de crédit. Selon leurs estimations, ce nouveau marché pourrait concerner 20 millions d’utilisateurs pour une recette de 8 milliards d’euros.

Si cette nouvelle opportunité peut apparaître comme un bénéfice pour le consommateur, elle doit aussi s’entourer de précautions indispensables. Parmi les clients potentiels, les groupes bancaires comptent sur l’attrait représenté par ces cartes pour les personnes dites "interdites bancaires" et qui n’ont plus de moyens de paiement. Ces dernières traversent généralement des difficultés financières ou sociales. Les chiffres du surendettement ne cessent d’ailleurs d’augmenter.

Depuis 2004, en moyenne, 186 400 dossiers de surendettement sont déposés chaque année, soit en six ans 932 000 familles qui se retrouvent dans une situation économique critique ! Au regard de ces chiffres, les cartes bancaires prépayées ne sont pas des outils anodins et sans risque pour ces ménages. De plus, les frais facturés pour leur utilisation seront plus élevés que pour une carte bancaire traditionnelle, soit entre 2 et 7 %.

Les établissements bancaires ont donc trouvé le moyen de "marchandiser" les offres de paiement et d’accroître leurs marges de profit sur le dos des ménages les plus fragilisés.

Pour toutes ces raisons, elle lui demande quelles sont les précautions envisagées pour la mise en service de ces cartes bancaires prépayées et pour garantir une utilisation sans risques pour le consommateur. Elle souhaiterait connaître également les dispositions étudiées pour veiller au surendettement des ménages et apporter une réponse efficace aux familles en grande détresse financière.

Odette Terrade

Ancienne sénatrice du Val-de-Marne

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