Notre peuple n’accepte pas de se voir voler La Poste, une institution ancrée dans notre histoire

Modification du statut de La Poste

Publié le 8 octobre 2009 à 16:06 Mise à jour le 8 avril 2015

Monsieur le Président,
Monsieur le Ministre,
Mes chers collègues,

Qui déclarait le 15 juin 2004 à l’Assemblée Nationale ; « Je l’affirme parce que c’est un engagement du gouvernement, EDF et Gaz de France ne seront pas privatisées. » Vous l’aurez deviné, N. Sarkozy en personne.

Vous-même, Monsieur le Premier Ministre, vous avez vanté en 1996 la modernité du changement de statut de France Télécom. On voit où le libéralisme a mené cette entreprise, ses salariés, ses usagers. Peut-être souhaitez-vous le même avenir pour la Poste ?

Notre peuple ne veut plus de ces promesses, de ces manipulations. Combien coûte la campagne de presse mensongère du gouvernement sur la Poste ? N’ayez crainte, faites nous confiance, nous lâchons la Poste au milieu des fauves, mais les fauves ne la mangeront pas, nous affirme-t-on à nouveau, au lendemain d’une crise financière qui a démontré par A+B l’impasse que représentait la financiarisation de l’économie.

Il faut stopper cet engrenage. Il faut rappeler la supériorité démocratique incontestable de l’intérêt général sur l’intérêt privé.

Notre peuple qui a construit dans la douleur, [comment ne pas rappeler les luttes sociales, la résistance], de grands services publics fondés sur des entreprises publiques, car abritées des appétits capitalistes, notre peuple n’accepte pas de se voir voler une institution ancrée dans notre histoire : la Poste.

La démocratie, M. le Premier Ministre, n’est pas d’insulter 2 millions de personnes qui ont rejeté, par un sondage grandeur nature, par une manifestation de voix, votre projet de loi qui - seul un âne ne le comprendrait pas – vise à terme la privatisation de la Poste.

A cette mobilisation, si profonde, des campagnes aux villes, des quartiers populaires à ceux plus favorisés, car la Poste est un bien commun, N. Sarkozy, l’UMP, répondent par le mépris, par le dogmatisme libéral, comme vous avez répondu au « non » du peuple français à la Constitution libérale européenne en 2005.

Les discours enflammés du Président de la République sur la nécessaire refondation du capitalisme s’écrasent sur les faits : vous continuez comme avant, aucune leçon, si forte soit-elle, des centaines de milliards volatilisés aux drames de France Télécom, n’ont de valeur pour vous.
M. le Premier Ministre, allez-vous retirer ce projet de loi d’un autre temps, celui de l’argent-roi ?

Et si vous doutez du résultat de dimanche dernier, demandez à N. Sarkozy d’organiser un référendum comme la Constitution le permet.

Mme Christine Lagarde, ministre de l’économie, de l’industrie et de l’emploi . - Il est vrai que des inquiétudes se sont exprimées.

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. - Vous avez trop menti !

Mme Christine Lagarde, ministre. - Le projet de loi, qui vous sera présenté en première lecture, apporte toute une série de garanties.

M. Guy Fischer. - Nous n’y croyons pas !

Mme Christine Lagarde, ministre. - L’ouverture du capital de 2,7 milliards sera exclusivement réservée à l’État et aux entreprises publiques : pas un euro du capital ne sera un euro privé. La Poste continuera d’assurer ses missions de service public, auxquelles nous sommes très attachés (on en doute fortement à gauche) : le service du courrier, six jours sur sept...

M. René-Pierre Signé. - Pour combien de temps ?

Mme Christine Lagarde, ministre. - ...la distribution de la presse...

M. Didier Boulaud. - Même Juppé ne vous croit plus !

Mme Christine Lagarde, ministre. - ...le droit pour chacun de posséder un compte et un livret A ; sa mission d’aménagement du territoire sera également consacrée dans le texte.

Quant au statut du personnel, il sera garanti par le texte.

M. René-Pierre Signé. - Comme à la DCN !

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. - Vous avez trop menti !

Mme Christine Lagarde, ministre. - Il appartiendra ensuite aux représentants du peuple que vous êtes de déterminer si ce projet de loi est bien la meilleure façon de moderniser cet établissement auquel nous tenons tous.

Jean-Claude Danglot

Ancien sénateur du Pas-de-Calais
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