Mouvement des enseignants

Publié le 12 juin 2003 à 00:00 Mise à jour le 8 avril 2015

par Nicole Borvo

Monsieur le Président,
Monsieur le Ministre,
Mes cher(e)s collègues,

D’emblée, je souhaite saluer le courage et l’intelligence des centaines de milliers de professionnels de l’éducation nationale qui mènent depuis plusieurs mois, un mouvement d’une grande ampleur avec un sens des responsabilités remarquables.

Après avoir refusé de négocier durant plusieurs semaines, de nombreux enseignants étaient en lutte depuis le mois de mars, le gouvernement a agité le risque, virtuel, d’une remise en cause du BAC.

Le BAC devait avoir lieu, M. le Ministre, il a eu lieu, comme prévu, car les enseignants ont profondément à cœur leur métier. Mais le mouvement continue et les attentes demeurent, malgré des premières avancées, limitées, que vous avez dû concéder face à ce mouvement d’une ampleur historique.
Je souhaitais vous interroger sur trois points parmi de très nombreux autres.

S’agissant de la décentralisation, le maintien du transfert du personnel dit TOS de l’Etat vers les collectivités territoriales n’apparaît pas justifié.
Vous dites : Il est logique que les personnels de gestion des bâtiments gérés par les collectivités territoriales soient sous la responsabilité de ces dernières.
Or, M. le Ministre, la grande majorité de ces personnels est employée dans des tâches directement liées à la collectivité pédagogique.

Il faut donc retirer les TOS de la décentralisation.
J’attends votre réponse sur ce point, M. le Ministre.
Deuxième question, elle concerne votre annonce dans les négociations de la création de 2500 postes dans le premier degré.

S’agit-il, M. le Ministre, de création de postes ou de redéploiement ? Vous comprendrez que les enseignants n’accepteront pas que l’on déshabille Pierre pour habiller Paul … et que dire des aides éducateurs qui finissent leur contrat ?

Enfin, nous avons noté, M. le Ministre, votre volonté de scinder les revendications des enseignants sur la décentralisation et les conditions de travail, du débat sur leur retraite.

Pourtant, M. le Ministre, que répondez-vous à ces jeunes enseignants, confrontés à un métier de plus en plus difficile, car ce sont les enseignants qui subissent les répercussions, de la déstructuration libérale de la société française, qui ont appris soudainement qu’on leur demanderait de travailler beaucoup plus pour conserver une retraite déjà modeste, car, rappelons-le, les salaires des enseignants sont modestes.

M. le Ministre, le passage du BAC n’est pas votre victoire, c’est la démonstration du courage des professeurs qui ont su dominer leur colère.

Ils attendent toujours de réelles réponses. Nous les attendons avec eux.

Nicole Borvo Cohen-Seat

Ancienne sénatrice de Paris et présidente du groupe CRC

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