Le dossier des intermittents n’est toujours pas réglé

Publié le 13 mai 2004 à 18:09 Mise à jour le 8 avril 2015

par Roland Muzeau

Monsieur le Président,
Monsieur le Premier ministre,
Mes chers collègues,

Le Festival de Cannes, ce rendez-vous mondial des Cinémas du Monde, s’est ouvert hier.

Les réalisateurs des films français sélectionnés sur la Croisette rappellent qu’ils n’existeraient pas sans les « intermittents ».
Or, ces intermittents, qui ont obtenu par leurs luttes le droit d’exprimer hier soir au monde entier les problèmes qu’ils rencontrent, attendent toujours les solutions urgentes qui débloqueront la situation.

Monsieur le Premier Ministre, vous êtes intervenu une première fois pour mettre, je vous cite, « de l’humanité sur la brutalité » du protocole du 26 juin ; et une deuxième fois pour inviter l’Unedic « à discuter » avec les intéressés, et faire de son mieux pour les femmes enceintes qui sont entre deux contrats.

Ce sont de premières avancées, mais il vous reste à affronter le Medef, dont le président déclare vouloir supprimer à terme les annexes 8 et 10 du protocole.
Ce gouvernement doit enfin faire preuve de fermeté face au Medef, et répondre par des actes positifs aux questions urgentes des intermittents.
Vous avez toutes les clés en main pour cela, y compris pour les intermittents touchés par la maladie ou un accident, et pour le droit des techniciens à assurer des formations.

Vous avez, au surplus, le devoir de promouvoir l’exception culturelle, dont l’intermittence est une dimension.
Vous avez l’obligation de tenir bon sur la présomption de salariat, mise en cause par la Commission européenne.

Le Festival de Cannes est un atout pour l’Art, les artistes, la population de notre pays, l’Emploi culturel.
Il ne faut pas inverser les responsabilités !
Ce ne sont pas les mégaphones sur la Croisette qui font du chantage ; c’est la prétention du Medef à piloter les dossiers économiques et sociaux.

Il faut dire la vérité à notre peuple : ce qui bloque à ce jour la mise en œuvre de mesures fortes pour sortir de la crise, c’est la position du Medef, qui s’arroge les rôles de l’exécutif et du législatif, sans en avoir ni la légitimité, ni les compétences.
Monsieur le Premier Ministre, allez-vous avoir le courage et la lucidité pour écouter ce qui se dit dans la pluralité politique, comme au comité de suivi ou à la mission Paillé à l’Assemblée nationale ?

Allez-vous exiger que les négociations reprennent avec tous les partenaires de l’assurance chômage des salariés intermittents du spectacle du cinéma et de l’audiovisuel ?

Roland Muzeau

Ancien sénateur des Hauts-de-Seine

Ses autres interventions :

Droit au logement opposable : explication de vote

Les sénateurs du groupe CRC se sont finalement abstenus lors du vote du projet de loi instituant un droit au logement opposable. Favorables à ce droit, bien avant la conversion subite du gouvernement, ils estiment que le texte voté est trop restrictif."Le processus d’opposabilité du droit au logement, a déploré Roland Muzeau, sera complexe, long et difficile à mettre en œuvre et ne sera pas le même partout. L’exemption dont bénéficieront certains territoires pèsera sur l’universalité du droit et l’égalité des demandeurs de logement devant la loi." Les sénateurs communistes se félicitent néanmoins de ce premier pas, accompli grâce à une mobilisation de terrain, et espèrent que le droit au logement prendra rapidement "un tour plus concret et plus ambitieux".

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