Monsieur le Premier Ministre,
Vous venez d’annoncer la création du Contrat Première Embauche (CPE) destiné aux jeunes de moins de 26 ans, qui nous rappelle étrangement « feu le CIP » de M. BALLADUR.
Le Contrat Première Embauche (CPE) et le contrat « nouvelles embauches » sont des frères jumeaux.
Toutes les entreprises de plus de vingt salariés bénéficieront de ce dispositif lorsqu’elles embaucheront un jeune.
Il comporte une période de précarité de deux ans dite de « consolidation » durant laquelle l’employeur pourra congédier le salarié sans motif.
Contrairement à ce que vous affirmez, le CPE n’est pas une réponse à la situation de précarité et de chômage des jeunes mais un alibi à la destruction du droit commun du travail.
On assiste à une précarisation sans précédent des salariés et au démantèlement du droit du travail.
Un tel contrat n’est pas conforme aux principes fondamentaux affirmés par la Convention n° 158 de l’Organisation internationale du Travail (OIT), tant au regard de l’exigence du délai raisonnable de la période d’essai que de celle de la motivation du licenciement.
Les jeunes sont sacrifiés.
Leurs droits fondamentaux sont bafoués.
Ce contrat ne permettra pas aux jeunes concernés de construire leur avenir avec cette épée de Damoclès au-dessus de leur tête.
Prenons le droit fondamental du logement : quelle régie acceptera de louer un logement à une personne pouvant être licenciée du jour au lendemain ? Qui acceptera de leur consentir un prêt ?
Vous dévoilez votre véritable objectif d’exonérer plus encore de charges sociales les entreprises. Votre objectif est d’abaisser encore et toujours le coût du travail.
La patronne des patrons a sommé le Gouvernement d’enterrer le code du travail et de généraliser la précarité.
Vous obéissez au quart de tour.
Monsieur le ministre, les jeunes ne sont pas dupes.
La grave crise de Novembre dernier, la colère qui l’accompagnait auraient dû vous interpeller.
Or, avec le CPE vous condamnez toute la jeunesse -diplômée ou non- à s’interdire tout projet de vie.
L’examen à la hussarde le 31 janvier prochain de votre projet de loi apparaît comme une véritable provocation, déni de démocratie.
L’indignation ne fait que grandir.
Monsieur le ministre, le CPE est une insulte faite aux jeunes ! Nous en demandons le retrait.