L’ONU doit reprendre la main en Irak

Publié le 10 avril 2003 à 00:00 Mise à jour le 8 avril 2015

par Nicole Borvo

Monsieur le Président,
Monsieur le Premier Ministre,
Mes cher(e)s collègues,

Je veux d’abord formuler le vœu que la chute annoncée de Bagdad, arrête les massacres.
Pendant trois semaines, bombardiers et missiles ont semé la mort, détruit massivement, provoqué des drames humains, meurtri à vie des enfants, fait fuir des familles entières.
Les scènes de pillage sont le versant humiliant d’une catastrophe humanitaire, hélas, prévisible.

Prévisible aussi la supériorité militaire des Etats-Unis dont le budget de l’armée équivaut à celui des armées de toute la planète.

M. le Ministre, les sentiments que la chute d’un régime honni inspirent, ne peuvent masquer, que l’administration BUSH et ses alliés ont engagé une guerre, hors du cadre de la légalité internationale, au motif que l’Irak était une menace pour la paix mondiale et détenait des armes de destruction massive, sans parler de ses liens supposés avec Al QUAÏDA. Rien de tout cela n’a été prouvé.

M. le Ministre, nous avons apprécié que la France n’ait pas suivi cette voie dangereuse pour l’équilibre de la région et du monde et qu’elle ait œuvré pour la poursuite d’un règlement pacifique, en accord avec l’immense majorité des peuples et des gouvernements.
Nous continuerons de le faire.

M. le Ministre, le parlement n’ayant pas été saisi d’un débat sur la situation en Irak depuis le début des hostilités, nous souhaitons connaître l’appréciation du gouvernement sur la situation actuelle.

Quelle initiative va-t-elle prendre pour permettre « la fin rapide et effective des combats » souhaitée par le Président de la République ce matin même ? Trop de sang a déjà coulé. Comment envisagez-vous la mise en place d’une force internationale permettant le retour de la paix ?

En cohérence avec l’attitude initiale de la France, l’heure n’est-elle pas à la prise de grandes initiatives diplomatiques pour l’organisation d’une Conférence internationale sous l’égide de l’ONU, associant toutes les parties, seule garantie d’un avenir souverain et démocratique pour le pays ?

Ne pensez-vous pas, alors que les tueries continuent au Proche Orient, qu’il faut tout mettre en œuvre pour relancer effectivement le processus de paix ?

M. le Ministre, la France qui a su parler d’une voix forte, ne peut rester spectatrice. Elle doit, avec les peuples épris de paix, agir pour la légalité internationale et un monde multipolaire.

M. RAFFARIN, Premier ministre. Oui, la France a parlé d’une voix forte. Nous devons être aux côtés du peuple irakien qui a enduré des souffrances extrêmes ; ces trois semaines de bombardements ont atteint les Irakiens dans leur chair et nous partageons leur espoir de connaître enfin la liberté, la démocratie, le développement. Nous souhaitons les y aider.

Dès que le pays sera sécurisé, des délibérations devront intervenir à l’O.N.U., afin de bâtir l’avenir. C’est à l’ensemble de la communauté internationale qu’il revient de déterminer comment aider au mieux l’Irak à s’engager sur le chemin de la démocratie.

Il nous faudra agir afin que le conflit israélo-palestinien s’apaise enfin et laisse place à des perspectives de paix ; afin, également, que les résolutions existantes de l’O.N.U. sur cette question soient appliquées. Je veux parler de la reconnaissance d’un État palestinien et de la sécurité du peuple d’Israël.

L’O.N.U. doit être centrale dans le dispositif qui permettra à la région de retrouver paix et liberté.

Nous souhaitons, avec l’ensemble de nos partenaires du Conseil de sécurité, placer l’O.N.U. au centre de cette démarche. Car le monde doit être multipolaire.

C’est pour cela que notre projet européen est important : il permettra d’équilibrer les relations internationales et il évitera une vision unipolaire, source de déséquilibre. Voilà la position défendue par la France et qui est partagée par la plupart des membres du Conseil de sécurité.

Nicole Borvo Cohen-Seat

Ancienne sénatrice de Paris et présidente du groupe CRC

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