Hewlett Packard : les plans sociaux sont de retour

Publié le 17 octobre 2002 à 00:00 Mise à jour le 8 avril 2015

par Annie David

Monsieur le Président,
Monsieur le Ministre,
Mes Chers Collègues,

Une fois de plus, les actionnaires des entreprises utilisent les salariés comme variable d’ajustement de leurs déboires boursiers.
Depuis plusieurs semaines la liste des plans sociaux s’allonge dramatiquement. 36 000 emplois sont ainsi immédiatement menacés sur l’ensemble du territoire national.
L’ensemble des régions sont touchées, y compris celle déjà en grande difficulté comme le Pas-de-Calais ; tous les secteurs sont touchés. En deux minutes et demi, je n’ai pas le temps de lister toutes les entreprises concernées.

Je voudrai simplement vous citer l’entreprise Hewlett Packard, qui a annoncé 1 209 suppressions de postes sur toute la France, qui se déclinent comme suit : fermeture du site à Annecy avec 145 transferts et 32 suppressions, 370 en Ile de France, je rencontrai ce matin avec mon ami Paul Loridant, les salariés du site des Ulis, 50 à Sophia Antipolis, 108 dans les agences commerciales et, pour le seul département de l’Isère, 37 suppressions à l’Isle d’Abeau et 609 à Grenoble.

Pourtant, Hewlett Packard, comme beaucoup d’autres entreprises, a bénéficié de fonds publics à hauteur de 8 millions de Francs en 1998. J’attends d’ailleurs une réponse de la commission nationale de contrôle que je viens de saisir.
Je connais bien cette entreprise, qui n’avait jamais licencié jusqu’à ce jour, car j’y fus salariée de 1981 à la veille de mon mandat sénatorial, il y a un an.
Je mesure d’autant mieux le drame qui touche ses hommes et ses femmes, leurs familles. Je mesure également l’immensité du gâchis de compétence et de savoir-faire.
Comment ne pas regretter le repli sur les Etats-Unis des métiers qui produisent le plus de richesses, métiers forgés à Grenoble et, n’abandonnant en France et en Europe que les équipes de marketing et de distribution ! C’est en réalité, une politique de recentrage protectionniste sur les Etats-Unis.
Que fait le gouvernement face à cette situation ?

D’une part, il annonce la nomination d’un Monsieur plan sociaux. J’ai du mal à discerner l’efficacité de cette mesure qui apparaît relever de l’effet d’annonce, malgré la parution de sa lettre de mission.
D’autre part, vous avez préparé un texte dont l’avant projet circule déjà, qui vise à suspendre les mesures anti-licenciements, pourtant bien limitées, comprises dans la loi de modernisation sociale, votée il y a un an.
Le Medef, malgré sa surenchère ne peut que se satisfaire de vos intentions.
Monsieur le Ministre, face à la vague de licenciements, allez-vous stopper la remise en cause des mesures anti-licenciements et, au contraire, les renforcer par la loi pour une application égale sur le territoire ?
Comptez-vous donner des moyens à la commission nationale de contrôle des aides publiques d’exercer pleinement ses compétences ?

Monsieur le Ministre, saurez-vous prendre des mesures urgentes pour vous opposer à un patronat qui privilégie l’intérêt des actionnaires sur celui des salariés et de leurs familles mais aussi, de notre pays, allez-vous enfin montrer que la politique peut infléchir l’économie ?

Annie David

Ancienne sénatrice de l'Isère
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