Encore des suppressions de postes d’enseignants dans l’Education nationale

Publié le 9 février 2006 à 15:53 Mise à jour le 8 avril 2015

M. le président, M. M. les ministres, chers collègues, M. le ministre de l’Education Nationale,

Début janvier, le ministère présentait la carte scolaire pour la rentrée prochaine. Cette année encore, les effectifs enseignants sont revus à la baisse : en septembre 2006, l’enseignement public du second degré perdra 2.083 postes.

Les académies d’Amiens, de Lille et de Nancy - Metz sont les plus durement touchées par ces suppressions de postes. L’académie de Lille enregistre, à elle seule, près du tiers des suppressions programmées au niveau national. En 2005, cette même académie avait été amputée de 895 postes. En trois ans, le Nord - Pas-de-Calais aura ainsi perdu quelque 2.000 enseignants.

Comment apprécier de telles décisions qui fragilisent un peu plus des régions qui connaissent déjà des taux de chômage bien supérieurs à la moyenne nationale et qui figurent au bas du classement du taux de réussite aux épreuves du bac ?

On nous dit que ces suppressions de postes seraient « logiquement » liées à la baisse globale du nombre d’élèves. Cette tendance, due en partie au fait que des familles complètes « émigrent » à la recherche d’emploi dans des régions plus hospitalières, ne peut que s’amplifier car l’affaiblissement du service public de l’éducation ne contribuera pas à les retenir ou à renforcer l’attractivité de ces territoires.

Monsieur le Ministre, il y a une grande injustice, si ce n’est du mépris, à ce que les académies du Nord de la France servent de variable d’ajustement à la répartition des effectifs enseignants. Nous refusons d’être considérés comme les soutiers de la France. Vous devriez entendre les élus de ces régions qui, quelle que soit leur sensibilité politique, vous demandent de revenir sur les suppressions de postes annoncées ces dernières semaines.

Chacun sait que le résultat de l’équation élèves en difficulté + suppressions de postes n’est en rien positif. La réduction des effectifs enseignants entraîne une surcharge des classes, aggrave les conditions d’études de nos jeunes et met fin au soutien personnalisé des élèves.
Face à la violence engendrée par la misère sociale et l’échec scolaire, il est urgent de renforcer les équipes éducatives des établissements accueillant les jeunes en difficulté. Or, on dégage des moyens financiers pour placer des policiers à l’école, ce qui, à l’évidence, n’est pas la bonne solution. Alors même qu’il faudrait plus d’enseignants, on supprime des postes pour de froides raisons comptables.

Si la politique du gouvernement est négative pour tout le pays, elle aggrave encore plus la situation de territoires socialement fragilisés qui auraient pourtant grand besoin de bénéficier de mesures inégalitaires.

Comme j’ai la parole, j’en profite pour protester contre la décision du gouvernement de précipiter le débat sur le CPE au Sénat. Prévu le 28 février, vous l’avancez au 23 février. Cet étranglement du débat démocratique est inacceptable. Si la forme, c’est le fond qui remonte à la surface, vous avez tout faux, Monsieur le Ministre.
En attendant, comment entendez-vous assurer l’égalité des chances à l’école ?

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