Monsieur le Président,
Monsieur le Premier Ministre,
Mes cher(e)s collègues,
Ma question a trait au dossier des retraites dont le Président de la République a fait sa priorité.
Hélas, et ce depuis plusieurs années, le discours qui domine sur les retraites est univoque : déséquilibre démographique, vieillissement de la population, départ des salariés du babyboom en 2005 et induit des solutions inéluctables : augmentation de la durée d’activité, recul de l’âge du départ en retraite, capitalisation.
Disons très fort d’abord : le régime par répartition a fait la preuve de son efficacité en terme de garanties et de cohésion sociale.
Disons ensuite que les choix ne se résument pas à la priorisation de tel ou tel paramètre pour assurer l’équilibre financier des régimes.
Il s’agit, en réalité, d’une question de société, de civilisation, il faut donc s’accorder sur les objectifs ; sur les principes du contrat en matière de retraite. Ce que dit le Conseil d’orientation des retraites et la position commune des syndicats, adoptée la semaine dernière.
Comment, Monsieur le Premier Ministre, concevoir que cette question de société soit réglée d’ici l’été 2003 sans qu’un grand débat national ne soit ouvert ?
Avant hier, Monsieur SEILLIERE a une nouvelle fois proposé cyniquement aux salariés de travailler cinq ans de plus pour une retraite à taux plein. Au fond, l’âge de la mort s’est éloigné de l’âge de la retraite - pas pour tout le monde hélas - rapprochons l’âge de la retraite de celui de la mort !
Ne savez-vous pas, M. le Premier Ministre, qu’une personne sur deux est inactive à cause du chômage au moment où elle demande à bénéficier de sa pension.
Ne savez-vous pas, M. le Premier Ministre, que grâce à M. BALLADUR, les salariés actuels doivent désormais cotiser 40 ans pour prétendre à une retraite dont le niveau a sensiblement diminué !
Vous dites, Monsieur le Premier Ministre, « vouloir rassembler dans un projet commun… »
Or, la méthode que vous initiez et les discours tenus jusqu’alors, témoignent du contraire.
Qu’il s’agisse du traitement au cas par cas, de l’opposition facile entretenue entre les salariés du public et ceux du privé, alors qu’il est difficile de comparer les régimes ou du passage en force à EDF-GDF.
Qu’en est-il de la concertation lorsque le gouvernement passe outre le rejet par une majorité de salariés de la réforme du financement du régime de retraite ?
Allez-vous permettre que l’on sorte de cette vision des solutions en mettant tout sur la table, en évoquant toutes les options en matière de financement, en éclairant l’opinion sur le lien indiscutable existant entre les retraites et les politiques de l’emploi, d’âge, la productivité du travail, l’inégalité profonde entre contribution des salariés et les profits en matière de financement de la sécurité sociale ?