Avenir de la filière textile

Publié le 28 juin 2001 à 00:00 Mise à jour le 8 avril 2015

par Ivan Renar.

Monsieur le Président, Madame la ministre, Mes chers collègues. Une nouvelle vague de licenciements déferle : Philips et Alcatel viennent d’annoncer de lourdes restructurations.

Depuis plusieurs années, dans le textile ce sont chaque mois 2000 emplois qui disparaissent. Aujourd’hui, on ne dénombre pas moins d’une trentaine de plans de restructuration. Je pense particulièrement aux entreprises du Nord-Pas-de-Calais : NEGATEX, MOSSELEY, VIROLOIS, DIM, ECCE, TISSAVEL, TILTEX, MAQUER, JCL…

En regard de ces faits, la manœuvre de la droite sénatoriale reportant le débat sur le licenciement au 9 octobre prochain est d’autant plus indécente.

Le désengagement des grands groupes du textile (Chargeurs, Devanlay, DMC, DIM…) entamé il y a environ une vingtaine d’années s’accélère aujourd’hui. Ces mêmes groupes refusent d’assumer leur responsabilité et en conséquence, les salariés se voient exclus des dispositions sociales qu’ils sont en droit d’exiger : d’indemnités correctes et de plans de formation-reclassement dignes de ce nom.

Pour cette main d’œuvre, payée au SMIC, qui a consenti d’énormes efforts de productivité pour préserver son outil de travail, la rhétorique de la fatalité n’est plus crédible. Chez Cellatex, sur 180 salariés licenciés, 22 ont retrouvé un contrat à durée indéterminée. Ce n’est pas une exception qui confirmerait la règle. Chez Dim, le plan actuel de restructuration du site de Bourbon Lancy prévoit de reclasser certaines ouvrières sur le site d’Autun situé à 70 km et à la condition qu’elles acceptent le travail posté en 2x8 et donc du travail de nuit. Cette concentration d’activité vise à générer les taux de rendement de 15% qu’exigent aujourd’hui les marchés boursiers ? Ces industries sont pourtant innovantes et potentiellement riches en débouchés nouveaux. Elles dégagent sur certains segments des taux de rentabilité confortables de l’ordre de 9%.

Madame la ministre, ne laissons pas à la seule initiative privée la responsabilité de la restructuration d’un secteur qui représente encore aujourd’hui 250 000 emplois ! Une première initiative des pouvoirs publics ne serait-elle pas de nommer un médiateur dans ce secteur, conformément à l’esprit de loi en cours de débat ?

Ne faut-il pas veiller à ce que les subventions, notamment les fonds publics (plus d’une vingtaine de milliards de Francs en vingt ans), soient réellement destinées à développer la production ? Ne faut-il pas, au vu des profits que certains engrangent, œuvrer à la mise en place d’un régime de cessation anticipée d’activité.

Quelles mesures, comptez-vous prendre, Madame le Ministre pour décourager les actionnaires qui délocalisent et en atténuer les conséquences dramatiques sur les salariés et leurs familles ?

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