La Guyane ne dispose toujours pas d’un CHU

Santé en Guyane

Publié le 4 octobre 2019 à 09:26 Mise à jour le 7 octobre 2019

Je faisais partie de la délégation de la commission des affaires sociales qui s’est rendue en Guyane et en Guadeloupe du 22 au 27 avril 2018.

Lors de ce déplacement, nous avons pu constater, outre les conséquences désastreuses de l’incendie du CHU de Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, l’attente des Guyanaises et des Guyanais à la suite notamment du mouvement social de 2017, qui avait débouché sur les accords de Cayenne. Comme l’a souligné mon collègue Antoine Karam, l’engagement avait été pris, au travers du protocole de fin de conflit, de transformer le centre hospitalier de Cayenne en centre hospitalier universitaire. Le dossier est aujourd’hui au point mort ; monsieur le secrétaire d’État, j’ai du mal à comprendre pourquoi un territoire tel que celui de la Guyane, qui compte près de 300 000 habitantes et habitants, ne dispose pas d’un centre hospitalier universitaire. En l’absence d’un CHU, les étudiantes et les étudiants guyanais sont contraints de quitter leur territoire pour terminer leur formation. Cette mobilité forcée renforce les difficultés de la Guyane en matière d’attractivité, mais aussi d’accès aux soins. Monsieur le secrétaire d’État, je voudrais donc savoir où en est ce projet : quand va-t-il réellement déboucher ?

Enfin, j’avais interpellé la ministre des outre-mer en décembre 2018 sur le mal-être des populations amérindiennes de Guyane, à la suite d’une vague de suicides. Le taux de suicide est de dix à vingt fois plus élevé que dans l’Hexagone, et les populations amérindiennes, qui souffrent de discrimination et d’isolement, sont particulièrement touchées. Je souhaiterais donc savoir quelles mesures vont être mises en place pour enrayer cette vague de suicides et renforcer les moyens alloués au suivi psychologique et psychiatrique, ainsi qu’à l’amélioration des conditions de vie de ces populations.

Mme la présidente. La parole est à M. le secrétaire d’État.

M. Adrien Taquet, secrétaire d’État auprès de la ministre des solidarités et de la santé. Madame la sénatrice, ma réponse sera un peu technique, mais il est important de rappeler les règles. Désigner un établissement de santé comme CHU est une prérogative de l’université, qui dispose de sa propre stratégie de développement en tant qu’établissement autonome. Le développement de départements universitaires repose sur la définition d’une stratégie et la création de filières de recrutement d’enseignants. Actuellement, il n’existe pas de département de médecine au sein de l’université de Guyane.

Le modèle d’avenir pour le centre hospitalier de Cayenne est avant tout, me semble-t-il, celui de la consolidation en tant qu’établissement de référence. Le ministère des solidarités et de la santé soutiendra fortement le développement de la recherche en Guyane et l’affirmation de ce centre hospitalier comme établissement de référence.

J’en viens à votre seconde question. Le rapport parlementaire Archimbaud avait permis d’attirer l’attention sur la problématique des suicides et tentatives de suicide au sein de la population amérindienne. On constate ces dernières années que les personnes concernées sont de plus en plus jeunes.

Le programme « bien-être des populations de l’intérieur », doté de 1,5 million d’euros à débloquer sur trois ans, a été conçu avec la population pour soutenir l’émergence de projets locaux et renforcer les facteurs protecteurs, notamment liés à l’estime de soi. Sachez que l’ARS travaille en ce moment sur la mise en place de la formation nationale de prévention du suicide, d’une ligne téléphonique d’écoute du type « SOS Kriz », du dispositif VigilanS de recontact de personnes ayant tenté de mettre fin à leurs jours ou encore d’un observatoire du suicide.

Au-delà, l’un des objectifs de ma visite programmée en Guyane est d’essayer de mieux comprendre ce phénomène et d’y apporter les réponses les plus appropriées. Nos jeunes étant touchés de plus en plus tôt, c’est une question qui relève aussi de la protection de l’enfance.

Mme la présidente. La parole est à Mme Laurence Cohen, pour la réplique.

Mme Laurence Cohen. Je trouve mes collègues ultramarins extrêmement patients... Au travers de vos réponses, vous ne prenez pas du tout en compte les retards qui se sont accumulés en termes de politiques publiques, notamment en matière de santé. Il faut vraiment passer à une vitesse supérieure ! Les paroles doivent être suivies d’effet. Or les moyens financiers et humains manquent cruellement.

C’est en tout cas ce que j’ai ressenti en entendant vos réponses, mais j’espère que vous allez changer d’orientation – on peut toujours rêver !

Laurence Cohen

Sénatrice du Val-de-Marne
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