Madame la secrétaire d’État, je veux vous parler du département de la Guyane, qui renferme 70 % de la biodiversité française. Une seule question : comment lutter réellement contre l’orpaillage illégal et ses conséquences, notamment le mercure qui pollue les rivières, détruit la biodiversité et intoxique les nombreuses populations, en particulier les peuples autochtones ?
Mme le président. La parole est à Mme la secrétaire d’État.
Mme Bérangère Abba, secrétaire d’État auprès de la ministre de la transition écologique, chargée de la biodiversité. Monsieur le sénateur Gay, je dispose d’une enveloppe dédiée à la lutte contre l’orpaillage, prise sur les 15 millions d’euros supplémentaires que j’ai obtenus pour le programme 113 « Paysages, eau et biodiversité ». L’arbitrage reviendra évidemment aux parlementaires dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances.
En effet, je souhaite consacrer des moyens sans précédent à la lutte contre l’orpaillage illégal en Guyane, qui est un combat essentiel. L’existence de cette enveloppe, dont le montant des crédits s’élèvera à 3,5 millions d’euros, devrait répondre à votre question.
Il faut aussi prendre en compte les moyens de police et de surveillance sur place. Les dimensions des sites à sécuriser sont extrêmement importantes, de sorte qu’il faut une mobilisation considérable des forces de l’ordre sur place. Nous devons également renforcer les moyens techniques et logistiques.
Mme le président. La parole est à M. Fabien Gay, pour la réplique.
M. Fabien Gay. Madame la secrétaire d’État, je vous remercie de votre réponse, mais il faudra un peu plus que de l’argent.
Saluons les forces de l’ordre qui luttent sur place dans le cadre de l’opération Harpie. Ce sont à peu près 300 hommes pour 10 000 à 20 000 garimpeiros.
Évidemment, la question des moyens se pose et l’on peut, bien entendu, doubler les effectifs, mais si l’on n’engage pas une action diplomatique résolue avec le Suriname et le Brésil, où les garimpeiros vont chercher leur matériel, notamment le mercure, nous n’y arriverons pas.
De plus, madame la secrétaire d’État, nous faisons face à un scandale écologique. La semaine dernière encore, j’étais en Guyane, un département que j’aime beaucoup, et j’ai eu l’occasion de naviguer sur le fleuve Kourou et d’observer que le mercure polluait nos rivières. Comme vous le savez, les peuples autochtones pêchent pour vivre, ou plutôt survivre.
Nous sommes aux prises avec un problème d’importance : à l’instar de ce que qui se passe pour les Guadeloupéens et les Martiniquais, qui ne bénéficient pas de la détection des maladies liées à l’exposition au chlordécone, il n’existe pas de dépistage massif et gratuit des pathologies nées du contact avec le mercure pour les peuples autochtones.
Je ne cesse d’alerter à ce sujet. Alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) considère qu’une concentration de 10 microgrammes par gramme de cheveu représente déjà une alerte extrêmement grave, le dernier dépistage, qui a eu lieu voilà dix ans, a recensé des taux allant de 12 à 14 microgrammes !
On estime que les garimpeiros collectent entre huit et dix tonnes d’or par an. Or l’extraction d’un kilogramme d’or nécessite un litre de mercure ; ce sont donc entre huit et dix tonnes de mercure qui polluent l’Amazonie, nuisent à la biodiversité et intoxiquent les hommes. Il faut agir d’urgence !