S’engouffrant dans la brèche ouverte par le Front national, suite aux propos de Marine Le Pen sur les prières de musulmans dans la rue, l’UMP a proposé de tenir, en son sein, un débat sur l’islam en France. Devant la stigmatisation évidente que celui-ci entraînait à l’encontre des musulmans vivant sur notre territoire, le débat a été rebaptisé « Débat sur la laïcité » mais la question centrale reste bien, pour l’UMP, celle de la place de l’islam en France.
Ce débat est dangereux à plus d’un titre. Tout d’abord parce que voulu par le Chef de l’Etat, il est profondément anti-laïque, en faisant précisément s’immiscer l’Etat dans les affaires religieuses. Mais est-ce étonnant après le discours prononcé à Latran par le Président de la République en décembre 2007, dans lequel il énonçait que « Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur » ? Les attaques contre la laïcité et contre les valeurs de la République sont malheureusement devenues une tradition de la part du Chef de l’Etat, alors qu’il en est pourtant le garant.
Par ailleurs, ce débat divise au lieu de rassembler. La laïcité a vocation à être universelle : c’est une valeur qui doit transcender les hommes et non les opposer les uns aux autres. C’est en ce sens qu’il ne peut exister de laïcité « positive » ou « raisonnée » comme certains l’évoquent parfois. Au lieu de renforcer la laïcité, ce débat renforcera tout type de communautarisme menant à la division des hommes au sein de la société.
Enfin, ce débat est dangereux car il détourne délibérément les esprits des vrais enjeux actuels que sont le chômage et l’emploi, premières sources de préoccupations des français. En focalisant l’opinion publique sur ce débat, l’UMP tente de masquer l’absence de réponse apportée à ces questions par le gouvernement et l’échec de sa politique en matière sociale. Pire, il fait le jeu du Front national en faisant de la laïcité une question identitaire, liant religion, immigration et sécurité, voire en faisant porter sur les immigrés la responsabilité de la crise sociale que nous traversons.
Ce débat traduit une volonté de repli sur soi dont les conséquences peuvent être funestes pour notre société, et délivre un message porteur d’amalgames et de stigmatisation contraire aux valeurs de notre République.