Madame la Ministre,
Ce 10 octobre 2017, le syndicat CGT des personnels de santé du Centre Hospitalier de Lens, membre du GHT Artois Gohelle, est dans l’action pour dénoncer les conditions d’exercice dégradées de leur métier, mais également la fermeture prochaine du service de pneumologie.
Cette décision, comme toujours motivée par le manque de médecins alors que tout a été fait pour les mettre dans la situation de ne plus pouvoir assumer leurs missions puis de devoir partir, est particulièrement choquante.
J’ai moi-même alerté personnellement l’ARS et votre Ministère dès 2013 du risque de fuite massive vers la Polyclinique privée de Bois-Bernard des pneumologues de l’AHNAC Liévin censés arriver à l’Hôpital de Lens, selon le projet médical. Cette situation, qui s’est confirmée, est préjudiciable et à l’Hôpital de Lens, et à la population.
Un grand hôpital public comme celui de Lens ne peut fonctionner sans service de pneumologie, qui plus est dans un territoire où les affections pulmonaires sont supérieures à la moyenne nationale.
Ce n’est pas à vous que j’apprendrai les retards de santé inacceptables observés sur ce territoire. Ceux-ci devraient en toute logique induire plus et non pas moins de moyens dans le cadre d’un plan de rattrapage (l’espérance de vie est 2 à 3 ans inférieure à la moyenne nationale) ambitieux et cohérent.
C’est au contraire un nouveau recul sanitaire infligé à la population et la perspective d’une fragilisation de l’hôpital lui-même déjà lourdement impacté par les restrictions budgétaires. Je suis d’autant plus à l’aise aussi que j’ai été le seul parlementaire du Pas-de-Calais à exprimer des réserves sur le projet du nouvel hôpital de Lens, à mon avis sous-dimensionné, ce qui se traduit par la suppression de centaines de lits pour le groupement hospitalier du territoire (les Centres Hospitaliers de Lens, Hénin-Beaumont, La Bassée et Béthune- Beuvry) et l’AHNAC.
Cette situation est cruellement ironique quand on sait que l’hôpital de Lens porte le nom du Dr Schaffner, éminent pneumologue qui s’est illustré dans le traitement de la silicose et qui a voué sa vie à améliorer celle des habitants du pays minier.
Je suis à 100% solidaire des personnels en lutte. Je réaffirme ici le sentiment d’injustice ressenti par la population et les élus du Pas-de-Calais, département de 1.450.000 habitants privé de CHU.
C’est pourtant la meilleure solution pour redonner de l’attractivité au territoire du Bassin Minier et lutter contre la désertification médicale : il manque 210 généralistes et 1035 spécialistes dans le Pas-de-Calais par rapport à la moyenne nationale.
Je vous demande donc, Madame la Ministre, un rendez-vous pour aborder ces questions en présence des syndicalistes et des élus du territoire concerné et en attendant, de prendre toutes les dispositions nécessaires pour geler la décision de fermeture du service de pneumologie.
Dans l’attente de vous lire, soyez assurée, Madame la Ministre, de mes salutations distinguées.