Madame la Ministre,
Le Gouvernement a annoncé une réforme de l’accueil des étudiants étrangers dans les universités françaises, en présentant un nouveau label « Bienvenue en France ». L’ambition serait de porter à 500 000 le nombre d’étudiants internationaux d’ici 2027.
Pourtant, ce louable objectif s’accompagnerait d’une augmentation des frais de scolarité pour les étudiants extra-européens. Ils devraient en moyenne payer 2 770 € au lieu de 170 € pour s’inscrire en licence, ou 3 770 € contre 243 € pour une inscription en master ou doctorat. La justification d’une telle hausse s’appuie sur « la nécessité de compenser le coût pour nos finances publiques, représenté par l’accueil de ces étudiants étrangers ».
Or, cette décision remet en cause le sens même du service public de l’enseignement. Certes le principe du service public repose sur le caractère contributif de son fonctionnement, mais un étudiant étranger crée lui aussi de la richesse puisque, en travaillant, il consomme et paie des impôts indirects. L’enquête de 2014 de Campus France, révèle que si le coût de ces étudiants étrangers pour le budget de l’Etat est évalué à 3 milliards d’euros, leur apport à l’économie nationale se monte à 4.65 milliards d’euros.
Il est ainsi ôté tout espoir aux étudiants modestes de venir étudier en France, alors même qu’il existe déjà une barrière à l’entrée par le biais des revenus minimaux exigés. Doit-on considérer que les 620 € mensuel demandés ne sont pas suffisants pour vivre en France ?
Cette sélection par l’argent se couple à l’absence de critères sociaux dans l’attribution de bourses du Gouvernement. Au-delà de leur accessibilité directe, cela empêche chaque année un certain nombre de jeunes étrangers de postuler dans l’une de nos universités.
Alors que la France est le quatrième pays d’accueil d’étudiants étrangers, cette situation risque d’entraîner un recul de notre pays en la matière. Je suis certaine de pourvoir compter sur toute votre diligence pour veiller au maintien d’une politique ambitieuse en la matière et surtout à consolider l’accessibilité de l’enseignement supérieur français aux étudiants hexagonaux comme étrangers.
Je vous prie de croire, Madame la Ministre, en l’assurance de mes sincères salutations.