Avenir et perspectives pour le monde rural

Lettre à la Ministre en charge de la ruralité

Publié le 16 avril 2015 à 13:36

Le 13 mars dernier, Monsieur le Premier Ministre a présenté des mesures en faveur de la ruralité. L’ambition affichée était de redonner du souffle à une ruralité et à une population qui a l’impression que ses préoccupations ne sont pas entendues, ne sont pas comprises.

Ainsi, je salue l’engagement du Gouvernement en faveur de la promotion du monde rural. Mais cet engagement paraît insuffisant face aux enjeux du développement de la ruralité.

En effet, il a été annoncé la création de maisons de services publics afin de lutter contre la désertification grandissante dans les territoires ruraux. Cette proposition respectable, ne peut pas constituer la seule mesure de renforcement de l’attractivité du monde rural. Les services publics subissent de plein fouet la réduction des dépenses publiques. Leur effritement en milieu rural est simplement dû à une diminution des moyens alors que les habitants réclament à l’inverse une présence accrue de tels services. A ce titre, certaines communes morbihannaises ont déjà implanté des maisons de service public qu’elles financent majoritairement. Là encore, les élus locaux pallient un certain désengagement de l’Etat alors que leurs budgets sont extrêmement contraints suite à la baisse des dotations. Les Maires ruraux doivent donc faire plus avec moins de recettes tout en garantissant un même accès aux services publics et une même qualité de vie à leurs administrés.

Dans un second temps, l’annonce de la création de pôles d’activités économiques urbains et périurbains mérite d’être précisée. L’aménagement du territoire ne peut se penser uniquement en opposant le monde rural et le monde urbain. Chacun a ses spécificités. Il faut donc prendre appui sur chacune d’entre elles pour construire un aménagement de notre territoire en cohérence avec les besoins de tous les citoyens, dans l’esprit de l’égalité des territoires.

De plus, l’accumulation des normes a également été pointée du doigt. Ce constat est une bonne chose tant les contraintes administratives peuvent être prégnantes et décourager certaines initiatives locales. Toutefois la simplification nécessaire ne doit pas rimer avec la dégradation des politiques publiques et la diminution du pouvoir de décisions des élus locaux qui connaissent les besoins et les attentes de leurs administrés. Les normes offrent un certain cadre qu’il faut certes desserrer mais pas annihiler complètement. Seules les plus absurdes doivent être repensées et d’une manière générale, il faut œuvrer à la réduction des délais.

Par ailleurs, le département du Morbihan est particulièrement impacté par son tissu agricole et ses différentes filières agroalimentaires. La situation est complexe pour ses acteurs majeurs du monde rural, confrontés à des crises agricoles sans précédent. Les intentions affichées en la matière sont louables mais elles manquent de dessein face au recul de la productivité et des problèmes financiers traversés par ces derniers.

Enfin, l’ensemble des propositions ne peuvent pas se lire en dehors de la réforme territoriale actuellement en débat au Parlement. La ruralité est une grande absente de ce texte qui se concentre sur la création des intercommunalités et des métropoles. Dans un secteur rural où l’offre de transports est faible voire quasi inexistante, on éloignera encore plus les élus des administrés. Il me semble que le Maire est le représentant de la proximité. Il est l’interlocuteur de référence des citoyens, son rôle est fondamental dans notre République.

Vos prérogatives ministérielles vous placent en première ligne pour traduire concrètement ces annonces. C’est pourquoi, je vous serais reconnaissant de bien vouloir me communiquer les dispositions que vous comptez prendre afin de faire avancer nos territoires et faire du monde rural un moteur d’espoir et de réussite, où les valeurs essentielles de la République doivent être bien vivantes et conformes à notre devise : « Liberté, Égalité, Fraternité ».

Dans cette attente et comptant sur votre bienveillance, je vous prie de croire, Madame la Ministre en l’assurance de mes sincères salutations.

Michel Le Scouarnec

Ancien sénateur du Morbihan
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