Soutien aux initiatives pour "manger français"

lettre au Ministre de l'Agriculture pour une politique de l'alimentation ambitieuse

Publié le 18 novembre 2014 à 10:04 Mise à jour le 8 avril 2015

Monsieur le Ministre,

Suite à la Journée de mobilisation nationale pour « manger français » organisée par les deux syndicats FNSEA et Jeunes Agriculteurs le 5 novembre dernier, je souhaiterais attirer votre attention sur les difficultés que rencontrent les entreprises françaises du secteur de l’agroalimentaire et les agriculteurs, et vous rappelez l’urgence de mettre en œuvre une politique de soutien aux initiatives de reconquête du marché français.

La Loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt que vous avez portée, a été définitivement adoptée le 11 septembre dernier, et avec mes Collègues Sénatrices et Sénateurs du Groupe CRC, nous avons salué la place importante attribuée à la qualité de l’alimentation sur notre territoire et une nouvelle ambition pour les professionnels du secteur.

Les travaux autour de ce texte ont permis de mettre au cœur de la discussion notamment l’agriculture et l’alimentation, avec votre volonté de « répondre aux attentes légitimes des citoyens attachés à un modèle de production plus durable et à une alimentation plus sûre et de qualité ».
D’autre part la restauration collective a été reconnue par votre Gouvernement « enjeu alimentaire national » ce dont je me félicite car il me semble que celle-ci peut en effet jouer un grand rôle dans l’amélioration de la qualité d’une offre alimentaire accessible à tous.

Mais si aujourd’hui l’alimentation est l’un des enjeux nationaux de la France, c’est bien en raison de ses carences actuelles, et malheureusement on constate que l’on est bien loin de manger français.
Selon des chiffres donnés par la FNSEA, bien que la France soit le premier pays producteur européen de volaille, elle n’arriverait pas à endiguer le flot des importations sur le marché de la restauration collective ; celles-ci représenteraient 87 %, et elles viendraient majoritairement d’Allemagne, de Belgique, des Pays-Bas, et de la Pologne.

De même, malgré l’importance de l’élevage bovin en France, ce serait entre 55 et 60
% de la viande bovine consommée qui serait importé, en provenance d’Allemagne, d’Angleterre, d’Irlande, et de plus en plus souvent des Etats-Unis, d’Espagne, d’Argentine ou du Brésil.

Dans le secteur des fruits et légumes, nous savons bien également qu’ il existe encore des distorsions au sein de l’Europe sur l’utilisation des pesticides et l’emploi de main-d’œuvre à bas coût qui permettent à certains Pays d’avoir des coûts de production plus bas et donc de proposer de meilleurs prix.
Face à un tel constat, je tiens à vous faire part de ma très grande préoccupation. Mettre en œuvre des mesures en faveur des industriels de l’agroalimentaire et des agriculteurs français, développer les plateformes de circuits courts alimentaires et soutenir les initiatives de terrain, cela m’apparaît devenir une question vraiment urgente.

En Bretagne, sur la période 2012-2013, les différentes filières agricoles et agroalimentaires totalisaient 134 920 emplois directs. Malheureusement ces filières, qui génèrent également de très nombreux emplois indirects non comptabilisés, sont lourdement menacées depuis plusieurs années et la tendance se poursuit pour 2014.
Il est urgent de réunir l’ensemble des acteurs, qu’ils s’agissent des collectivités territoriales, des industriels, des filières, de la grande distribution ou des consommateurs pour agir et préparer l’avenir.

Si nous remettions le « Made in France » sur le devant de la scène, dans nos assiettes, cela permettrait à notre Pays de retrouver un certain dynamisme territorial ; en favorisant les producteurs locaux et le savoir-faire français, la fraîcheur et la qualité des produits, leur traçabilité, avec en plus pour conséquence très positive de produire des milliers d’emplois dans nos régions, et nous savons combien la France en a un besoin urgent.

Je sais pouvoir compter sur tout votre engagement à défendre les intérêts de nos concitoyens, et à mettre en œuvre votre projet ambitieux de réforme de l’agriculture, de la forêt, et de l’alimentation, en faveur duquel j’ai voté avec l’ensemble de mon Groupe.

Je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, à l’expression de mes meilleurs sentiments.

Michel Le Scouarnec

Ancien sénateur du Morbihan
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