Situation des éleveurs laitiers

Quelle politique pour l'après quota ?

Publié le 28 janvier 2015 à 18:28 Mise à jour le 8 avril 2015

Monsieur le Ministre,

Je souhaite attirer votre attention sur la situation extrêmement préoccupante des éleveurs laitiers.
Notre pays est le second producteur européen de lait avec une collecte de plus de 20 milliards de litres chaque année, malgré un prix du lait historiquement bas, qui décourage les éleveurs et fait chuter la production. En effet, le prix du lait n’est pas suffisant pour couvrir les coûts de production et surtout rémunérer correctement les producteurs.

La dérégulation de la production laitière a des effets catastrophiques, avec notamment l’abandon à venir dans les prochains mois des quotas laitiers mis en place en 1984. Ces derniers avaient eu l’avantage de maintenir un prix du lait correct durant un quart de siècle. Depuis, la faible rémunération encourage les laitiers, à l’abandon, notamment dans les zones herbagères difficiles. Les laiteries poussent les producteurs à augmenter leurs volumes de lait dans les zones de production intensive, là où les vaches mangent plus de grain que d’herbe. Ce système alimentaire augmente pourtant les pollutions et les émissions de gaz à effet de serre.

Fragilisé par la crise du prix du litre de lait et avec la suppression des quotas laitiers qui augmentera encore plus la concurrence internationale, les producteurs laitiers s’inquiètent pour l’avenir de leur profession et de leur production.

Les politiques en la matière leur semblent menées sans vison d’avenir ou du moins sans perspectives d’amélioration. Pour preuve, l’exemple du bassin laitier du sud-ouest où il manquerait 5 millions de litres suite aux fermetures successives des fermes de production.

Cette instabilité et cette insécurité entraînent inévitablement une certaine volatilité des prix à la production, mettant en péril les exploitations les plus fragiles mais aussi, tous les emplois induits.

Pourtant des leviers existent. Ainsi, la révision du mode de fixation du prix du lait, indexé sur le prix des marchés aval devrait être redéfinie, afin d’éviter le décalage dans le temps du mode de calcul.

La restructuration de la filière laitière depuis 20 ans a été parsemée d’embûches. Les laitiers bretons et leurs collègues de l’ensemble de notre territoire attendent des actes forts du Gouvernement.

A plusieurs reprises, vous avez montré votre volonté de favoriser l’essor d’une filière laitière forte et développée. Je vous serais reconnaissant de m’indiquer vos projets pour rassurer, consolider et développer la filière laitière française pour l’après-quota.

Je compte sur votre bienveillance pour apporter tout votre concours à ces éleveurs qui font partie intégrante de l’économie pour nos territoires ruraux.

Dans cette attente, je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, en l’assurance de mes sincères salutations.

Michel Le Scouarnec

Ancien sénateur du Morbihan
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