Robert BRET répond aux détracteurs de la corrida

Publié le 22 novembre 2007 à 16:05 Mise à jour le 8 avril 2015

Monsieur,

Vous m’avez signifié votre désir de voir interdire la corrida et avez, par la même occasion, sollicité ma position sur ce spectacle, ce que je fais bien volontiers étant donné la récurrence du débat.

En effet, et ainsi que vous le précisez, plusieurs associations de protections des animaux se sont fédérées autour de la FLAC, Fédération des Luttes pour l’Abolition de la Corrida et pour la protection de la jeunesse ou encore le CRAC, Comité Radicalement Anti Corrida. Un leitmotiv anime ces associations, à savoir l’abolition de la corrida.
Ce combat, si je puis me permettre, a pris un nouveau tournant avec le dépôt d’une proposition de loi par des députés européens visant à interdire la corrida dans toute l’Union européenne. Initiative qui, pour l’heure, n’a pas encore abouti.

Plus personnellement, il m’est arrivé d’assister à des corridas, et force est d’admettre que je n’éprouve pas une franche passion pour ce spectacle. Pour autant, loin de moi le besoin d’interdire cette tradition, cette culture ancestrale, dont on ne saurait feindre d’ignorer les retombées économiques, en amont via l’élevage, en aval via le tourisme, pour les villes, même les régions, taurines.

Certains, comme vous, n’y voient que violence quand d’autres, dont je ne suis pas, estiment qu’il s’agit d’un véritable art.
Si je peux comprendre que l’on n’adhère pas à ce genre de spectacle, si je ne conteste pas que l’on puisse trouver insoutenable ce qui se passe au sein des arènes, je ne partage aucunement cet impérieux besoin pour certains de voir interdire la tauromachie.

Car assister à une corrida nécessite de s’acquitter de sa place, quelque peu onéreuse, et de se rendre aux arènes, autant dire que nul n’est obligé d’y assister et encore moins contraint de regarder ce qui se passe au sein des arènes.
A mon sens, la santé publique n’est nullement menacée. Ou alors, il faudrait dans le même temps interdire la pêche, la chasse ?

En outre, selon quels critères pourrions-nous interdire la corrida aux jeunes de moins de 16 ans sans remettre en cause l’autorité parentale ? La FLAC ou le CRAC sont-ils juridiquement habilités à définir ce qui est nocif et ce qui ne l’est pas pour la jeunesse ?

A ce titre, on peut se demander s’il n’y a pas une forme de danger pour les jeunes à assister à des événements sportifs quand on sait combien le dopage est présent dans ce milieu ? Ou encore certaines émissions télévisées ne sont-elles pas une menace pour l’intégrité morale des jeunes ?

Autant d’exemples pour vous démontrer que la réglementation et la législation sont deux choses bien distinctes. Le législateur ne saurait répondre aux humeurs de tout un chacun car le propre de la loi est d’organiser la vie en société pour justement assurer collectivement la liberté et les droits de chacun.

Trop de lois nuit à la loi, vieil adage qui n’a jamais été aussi vrai qu’à cette époque où l’on légifère au gré des faits divers, des doléances, dans un souci électoraliste que trop éloigné des valeurs démocratiques.

Souhaitant avoir répondu à vos attentes,

Je vous prie de croire, Monsieur, à l’assurance de mes salutations distinguées.

Robert Bret

Ancien sénateur des Bouches-du-Rhône
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