Lettre au Premier Ministre
La situation des prisons françaises est, chacun le sait, catastrophique. Après le Sénat, l’Assemblée nationale est appelée à débattre du projet de loi pénitentiaire. Ce texte jugé « a minima » ne saurait être utile qu’avec des moyens adaptés. En outre, il ne prend pas en compte les rapports attendus et intervenus depuis.
En effet, la Chancellerie a décidé de ne pas rendre public le rapport sur les suicides en prison pour lequel elle avait missionné le Docteur Albrand et elle s’est autorisée à en modifier unilatéralement certains points. Je me permets de vous rappeler que, depuis le début de l’année 2009, une quarantaine de détenus se sont suicidés, auxquels s’ajoutent neuf surveillants.
Quant au constat fait par le Contrôleur général des lieux de détention, Monsieur Delarue, dans son premier rapport annuel, il est sévère : promiscuité, humiliation, violence sont le quotidien des détenus.
Il est urgent que le gouvernement prenne la mesure de la gravité de la situation. Il est encore temps pour lui d’intégrer dans le projet de loi les dispositions nécessaires.
Mais, sans attendre, il doit engager dans un certain nombre de domaines des mesures précises préconisées dans ces rapports et qui permettraient d’assurer aux détenus un minimum de respect de leurs droits fondamentaux et aux personnels des conditions de travail moins tendues : état de locaux, respect de l’intimité, accès aux soins, suivi psychiatrique, accueil des proches...
C’est avec un sentiment d’urgence que je m’adresse à vous.