Pérou : lettre à Bernard Kouchner

Publié le 18 mars 2008 à 11:04 Mise à jour le 8 avril 2015

Une dizaine d’organisations européennes membres de la Plateforme Europe - Pérou ont interpellé Monsieur le Président Alan GARCIA PEREZ pour lui exprimer leur préoccupation devant, je cite, « la brutale répression policière qui a éclaté lors de la grève nationale agraire », en février dernier.

Très inquiète eu égard aux informations qui m’étaient alors parvenues, j’avais moi-même saisi Monsieur l’Ambassadeur du Pérou en France qui, dans la réponse qu’il m’a apportée, a nié l’existence de tout acte de répression. Il semble pourtant que, depuis, de nouvelles arrestations aient eu lieu.

Ces organisations ont demandé au Président GARCIA de prendre un certain nombre de mesures, dont je pense qu’elles pourraient effectivement contribuer à apaiser la situation :

  • l’ouverture d’une enquête et des sanctions à l’égard des responsables d’actions violentes ayant entraîné la mort de cinq personnes ;
  • l’utilisation du dialogue, et non la force, dans le règlement des conflits ;
  • l’adoption d’une disposition dérogatoire au décret législatif n° 982 qui permet l’usage des armes à feu pour contrôler les mobilisations publiques.

Je souhaite par ailleurs attirer votre attention sur la troisième édition de la rencontre « Enlazando Alternativas » qui, comme vous le savez, se tiendra à Lima en mai prochain, parallèlement à celle des chefs d’Etat de l’Union européenne et d’Amérique latine que le Pérou se prépare à accueillir.

Elle réunira, parmi les initiateurs et participants, des organisations connues comme le Secours Catholique, France Amérique Latine, ATTAC, Oxfam, le Parti de la gauche européenne, des élus, dont des parlementaires européens.
Certaines de ces organisations font partie des interlocuteurs de l’Union européenne dans le cadre de ses liens avec la société civile. Elles ont d’autant plus de légitimité pour cette rencontre que celle-ci portera notamment sur les relations entre l’Union européenne et l’Amérique latine.

Dans quelques jours, une délégation de ces organisations se rendra à Lima négocier avec le gouvernement péruvien les conditions de la rencontre.

Or, dans de récents propos, le Vice-Président péruvien, Monsieur Luis GIAMPIEI, a tenté de voir derrière celles-ci l’intervention de groupes subversifs dont la violence est un moyen d’action. Cela ne peut que nourrir des inquiétudes quant à la tenue de cette rencontre et au climat dans lequel elle pourrait se dérouler.

Aussi, je vous demande, Monsieur le Ministre, de bien vouloir appuyer la démarche des organisations membres la Plateforme Europe - Pérou, ainsi que de faire valoir auprès du gouvernement péruvien l’exigence que la rencontre « Enlazando Alternativas » puisse se tenir dans les meilleures conditions.

Nicole Borvo Cohen-Seat

Ancienne sénatrice de Paris et présidente du groupe CRC

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