Nicole Borvo Cohen-Seat et Alain Bocquet demandent la fermeture de Guantanamo

Publié le 27 juin 2006 à 08:41 Mise à jour le 8 avril 2015

Monsieur Jacques CHIRAC
Président du République

Monsieur le Président de la République,
Le récent suicide de trois prisonniers au camp de Guantanamo vient d’illustrer tragiquement les conditions de détention intolérables qu’y subissent les détenus.
Depuis son ouverture en 2002, ce centre a connu la présence de 760 prisonniers. Il en reste actuellement 460, dont dix seulement ont été formellement inculpés, mais aucun d’eux n’a, à ce jour, été jugé.

Selon les chiffres communiqués par les autorités américaines, 23 prisonniers ont déjà tenté de mettre fin à leurs jours. Ainsi, en janvier 2003, un prisonnier saoudien est resté trois mois dans le coma après avoir échoué dans une tentative de suicide. Quelques mois plus tard, une dizaine de détenus ont essayé, dans une action collective, de se pendre. Un prisonnier du Bahreïn a cherché dix fois à se suicider.

Ce centre n’est pas une simple « anomalie », comme l’a qualifié Monsieur Tony BLAIR. Il constitue une zone de non-droit dans laquelle sont enfermés les prisonniers de Guantanamo, en violation complète des conventions internationales et du droit en vigueur aux Etats-Unis. Ils n’ont aucun statut ; ils sont considérés comme des « combattants ennemis » et traités d’une manière indigne pour un pays qui se réclame de la démocratie. Ils subissent une détention aveugle, indéfinie dans le temps, avec seulement d’infimes possibilités d’être jugés, alors pourtant que, dans un de juin 2004, la Cour suprême des Etats-Unis demandait que les détenus soient autorisés à se défendre devant la justice.

Les autorités américaines sont demeurées sourdes à la réprobation internationale qui grandit de par le monde et dans les institutions internationales, notamment l’ONU et l’Union européenne. Les récentes déclarations du Président Georges BUSH ne sauraient suffire.

Notre pays, berceau des droits de l’Homme, s’honorerait en décidant d’entreprendre une démarche résolue en faveur de la fermeture de cette véritable abomination qu’est le camp de Guantanamo, dont l’existence discrédite la notion même d’humanité. Le fait que la France présidera, à partir du 1er juillet, le Conseil de sécurité des Nations Unies lui en donne l’occasion et renforce ses responsabilités en la matière.

C’est pourquoi nous vous demandons, Monsieur le Président de la République, d’agir en ce sens, comme vient de le faire la Chancelière allemande, Madame Angela MERKEL.
Nous vous en remercions d’avance.

Nous vous prions de croire, Monsieur le Président de la République, à l’assurance de notre haute considération.

Nicole Borvo Cohen-Seat

Ancienne sénatrice de Paris et présidente du groupe CRC

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