Michel Billout saisit le gouvernement français sur la situation des kurdes en Turquie

Publié le 5 avril 2011 à 11:23 Mise à jour le 8 avril 2015

lettre envoyée le 5 avril 2011 à Alain JUPPE
Ministre d’État, ministre des Affaires étrangères et européennes

Monsieur le Ministre,

Je souhaite attirer votre attention sur la situation de la population kurde en Turquie.

Luttant depuis plusieurs décennies pour la reconnaissance et la protection de droits politiques, culturels et sociaux, des millions de Kurdes continuent à se heurter à un rejet de leurs revendications. Depuis deux ans, en plus des attaques militaires, près de 2000 élus, dirigeants et militants politiques kurdes ont été arrêtés et emprisonnés.

A l’occasion du nouvel an kurde, le 21 mars dernier, et à l’approche des élections de juin, le Parti pour la Paix et la Démocratie (BDP), parti autorisé et représentatif, a souhaité faire entendre les revendications en faveur de la démocratie et de la liberté en organisant de longues marches pacifiques et en installant des « Tentes pour la Résolution démocratique ».

Ces manifestations pacifiques ont malheureusement été brutalement réprimées.

Alors que le gouvernement turc dit comprendre et soutenir les soulèvements contre les régimes despotiques du Moyen-Orient et du nord de l’Afrique, il refuse dans le même temps d’entendre les revendications kurdes de Turquie.

L’ « ouverture démocratique » lancée par le Premier ministre Erdoğan semble ne pas avoir de réalité concrète. L’attitude du gouvernement turc ne me paraît donc pas conforme aux exigences fixées par l’Union européenne en matière de Droits de l’Homme pour espérer l’intégrer.

Bien que la Turquie et certains États continuent d’identifier, par un raccourci facile, les Kurdes au terrorisme, ces derniers montrent en ce moment, par leurs actions pacifiques, combien leur volonté est grande de trouver une solution rapide et équitable à ce conflit.

Je souhaite que la France soutienne les principales revendications portées notamment par le BDP en demandant au gouvernement turc l’arrêt immédiat des opérations militaires, le droit à l’enseignement dans la langue kurde et à son utilisation dans l’administration, et enfin la libération des milliers de prisonniers politiques.

Aussi, Monsieur le Ministre, je souhaiterais connaître la position de la France quant à cette situation et aux revendications de la population kurde de Turquie.

Je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, à l’assurance de ma considération distinguée.

Michel Billout

Ancien sénateur de Seine-et-Marne
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