Monsieur le Ministre,
Je souhaite attirer votre attention sur la situation humanitaire que connaît
la Côte d’Ivoire.
L’incertitude quant aux résultats des élections présidentielles en novembre
2010 a plongé le pays dans une nouvelle crise politique.
La France, par la voix du Président de la République, a demandé à l’Union
européenne de soumettre la Côte d’Ivoire à un régime de sanctions afin
d’asphyxier le pouvoir de Laurent Gbagbo.
Ainsi la Côte d’Ivoire fait l’objet de mesures d’embargo dans le secteur
bancaire, la vente du café et du cacao et le secteur portuaire. C’est
d’ailleurs dans ce dernier secteur que les conséquences de l’embargo sont
les plus dramatiques.
En effet, les ports d’Abidjan et de San Pedro représentent 90% des
échanges commerciaux du pays. Outre les conséquences financières et
économiques, les sanctions aggravent dangereusement la flambée des prix
des denrées alimentaires de première nécessité telles que le blé, le riz, le
sucre et le lait qui sont importés.
De plus, j’attire votre attention sur le fait que la Côte d’Ivoire, ne
produisant aucun médicament, doit les importer depuis l’Unioneuropéenne. La Pharmacie de la Santé publique (PSP), centrale publique
d’achats de médicaments, qui approvisionne les hôpitaux publics ne peut
plus passer commande et connaît un taux très important de rupture de
stock.
Au regard de cette situation, du développement certain de l’automédication
et des médicaments de la rue, de l’augmentation du coût des médicaments
disponibles, il est à craindre une forte croissance des taux de mortalité et
de morbidité.
Nous ne pouvons donc accepter un tel embargo qui, en plus des combats
armés meurtriers, abandonne la population ivoirienne à des conséquences
sanitaires et humanitaires particulièrement indignes.
Aussi, je souhaiterais connaître la position du gouvernement français
concernant un éventuel réexamen des sanctions européennes qui pèsent
aujourd’hui bien plus sur la population que sur les élites qu’elles sont
censées acculer. En effet, un tel examen pourrait permettre une levée
partielle de l’embargo concernant les produits alimentaires et les
médicaments.
Je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, à l’assurance de ma
considération distinguée.