Madame Rama YADE
Secrétaire d’Etat
chargée des Affaires étrangères
et des Droits de l’homme
Madame la Secrétaire d’Etat,
L’attitude des pouvoirs publics à l’égard des étrangers est particulièrement préoccupante.
La multiplication des réformes législatives depuis cinq ans ont toutes eu pour objectif de restreindre les conditions d’entrée et de vie des étrangers dans notre pays. Mais s’ajoute à la législation l’obligation de résultat instaurée en matière d’expulsion qui suscite une multiplication d’interventions de force de l’ordre, source de drames.
Une femme vient de mourir à Paris en tentant de fuir. Il y a quelques semaines, un enfant se blessait gravement dans des circonstances similaires.
A deux reprises, des personnes se sont gravement blessées en tentant de fuir.
Cette violence à l’égard d’une population souvent plongée dans la plus grande précarité et la détresse me paraît être une atteinte aux droits de l’homme indigne de notre pays.
C’est à ce titre que je m’adresse à vous.
L’Assemblée Nationale vient d’adopter un nouveau projet de loi sur l’immigration comportant plusieurs mesures qui interrogent nécessairement sur le respect par l’actuel gouvernement de principes républicains pourtant de premier ordre.
Je fais référence notamment à la question du droit d’asile et à l’amendement rectifié et approuvé par votre gouvernement, instaurant un test ADN pour les étrangers candidats au regroupement familial.
Le volontariat ne garantit pas le respect de la dignité humaine. Peut-on douter un instant de la réponse des pouvoirs publics à un étranger refusant le test ADN ?
Cette disposition suscite de nombreuses réserves et de franches oppositions, y compris au sein de la majorité présidentielle et même parmi vos collègues du gouvernement.
Je m’étonne de votre silence.
Aussi, je sollicite auprès de vous un rendez-vous pour venir vous exposer avec précision les atteintes à la dignité humaine générée par la conception actuelle du droit des étrangers en France, et vous permettre de nous faire part de votre point de vue sur l’exercice de vos missions ministérielles ainsi que sur l’utilité et la légitimité d’un secrétariat des droits de l’homme au regard de cette actualité.
Certaine de l’intérêt que vous porterez à ma demande, je vous prie, Madame la Secrétaire d’Etat, de bien vouloir agréer mes salutations distinguées.