Monsieur le Président de la République
Monsieur le Président,
Mardi 7 mars, les jeunes lycéens et étudiants ont exigé par centaines de milliers le retrait du projet de contrat première embauche soumis au Parlement par le gouvernement de M. de VILLEPIN.
Par centaines de milliers, ils ont appelé à la résistance contre un projet de société fondé sur la précarité, l’individualisme et l’injustice.
Par centaines de milliers, ils ont exigé des droits simples, mais d’une force rare : avoir un métier, construire une vie digne, avoir droit à un avenir.
L’intervention de la jeunesse a souvent été déterminante dans l’histoire de notre pays. Récemment, sa mobilisation massive contre le dangereux Le PEN au lendemain du 21 avril 2002, a porté dans un même élan la République et la démocratie, mais aussi, un espoir de progrès. Vous ne pouvez pas l’ignorer.
Dès l’origine, le projet de loi relatif à l’égalité des chances était un projet rétrograde.
La suppression de l’obligation scolaire jusqu’à 16 ans avec l’apprentissage à 14 ans et le travail de nuit possible à 15 ans, la sanction des familles par la suppression des allocations familiales avec le contrat de responsabilité parentale sont des aspects de ce projet qui justifient en eux-mêmes un refus catégorique.
Mais votre gouvernement, M. le Président, a introduit, par voie d’amendement, ce contrat première embauche qui exaspère non seulement la jeunesse, mais l’ensemble de notre peuple qui le rejette massivement.
Ce texte a été préparé sans dialogue aucun avec les partenaires sociaux et les organisations de jeunesse. Il a été adopté à l’Assemblée Nationale à la hussarde par le biais du 49-3.
Il a été examine en urgence au Sénat où tout a été fait pour élaguer le débat.
Or, le CPE, M. le Président, c’est la fin des garanties du code du travail pour les jeunes qui, durant deux ans, pourront être remercié du jour au lendemain par leur employeur, sans motif, ce qui est, en outre, contraire aux engagements internationaux de la France.
M. le Président, cette disposition est indigne de notre pays. Depuis des années, on a multiplié avec des milliards d’euros de cadeaux au patronat les emplois précaires et les bas salaires, sans réduire pour autant le chômage de masse. Il est temps d’arrêter.
Avec le CPE, c’est le retour au 19ème siècle dans les rapports entre le patron et le salarié. Les jeunes en seront les premiers cobayes.
C’est pour permettre à la jeunesse de garder confiance, qu’en vertu de l’article 10 de la Constitution, je vous demande, au nom des sénateurs du groupe communiste républicain et citoyen, de ne pas promulguer le projet de loi relatif à l’égalité des chances et de permettre ainsi le retrait du projet de CPE.