Courrier à l’Ambassadeur du Chine en France
Des informations nous parviennent régulièrement faisant état de l’arrestation de citoyens ayant émis des critiques, voire ayant exprimé des désaccords politiques à l’égard des autorités chinoises. Il s’agit notamment de Messieurs Hu Jia, Wang Dejia et Guo Feixong. Des militants des droits humains, des intellectuels, des internautes auraient été placés en résidence surveillée ; certains auraient disparu. Ces informations nous préoccupent sérieusement. Elles s’accompagnent du constat que la répression augmente à l’approche des Jeux Olympiques, contrairement aux engagements du gouvernement chinois.
Les valeurs fondatrices des Jeux Olympiques, dans leur préparation comme leur déroulement, sont pourtant autant de points d’appui pour contribuer au développement nécessaire des droits humains dans le monde.
C’est au nom de notre attachement aux valeurs humanistes et aux libertés fondamentales que nous vous avons exprimé à diverses occasions combien la liberté d’expression et le respect des droits sont pour nous un combat qui se doit d’être universel. Nous sommes convaincus que la Chine peut et doit y contribuer.
C’est pourquoi nous nous adressons à vous et nous vous demandons la libération immédiate des prisonniers politiques ainsi que la fin de la surveillance opérée sur certains militants.
Nous avons par ailleurs appris que votre pays s’apprêterait à remplacer les exécutions capitales par balles par l’injection létale. Permettez-nous de rappeler que la Cour Suprême américaine, elle même, s’est saisie de la question de l’injection létale du fait des souffrances qu’elle provoque. Permettez-nous surtout de vous confirmer notre opposition fondamentale à la peine de mort, et cela dans tous les pays où elle est appliquée. Nous pensons qu’il s’agit, quel que soit le mode d’exécution lui-même, d’un châtiment en contradiction avec les valeurs humaines universelles, et c’est pourquoi nous la combattons. C’est aussi pourquoi nous avons soutenu le moratoire universel adopté récemment par l’Assemblée générale de l’ONU. Nous regrettons vivement que votre pays ne l’ait pas votée.
Persuadés que c’est le respect et le développement des droits humains et de la démocratie qui feront progresser le monde, nous vous prions de transmettre aux autorités de votre pays l’expression de notre profonde inquiétude.