LETTRE OUVERTE à Monsieur REBSAMEN, Ministre

Bataille sur le Congé dominical

Publié le 15 décembre 2014 à 16:08 Mise à jour le 8 avril 2015

Lettre ouverte à Monsieur Rebsamen, ancien sénateur, ministre du travail, de l’emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social.

Monsieur Le Ministre,

Ensemble, au sénat, nous avons porté des valeurs de justice et d’équité.
Ensemble, nous avons défendu une société garante de progrès et du bien-être de nos concitoyennes et concitoyens.
Ensemble, nous avons voté la proposition de loi que j’avais déposée, au nom du groupe communiste, républicain et citoyen. Elle visait à garantir le respect du congé dominical, rappelant ainsi un droit dont le but est de protéger la santé et la vie familiale des salarié-e-s, en leur garantissant un jour chômé par semaine, le même jour pour toutes et tous.
C’était en décembre 2011. Vous étiez alors sénateur, président du groupe socialiste.
Aujourd’hui, devenu ministre, vous nous proposez, avec votre collègue Emmanuel Macron, de revenir sur ce droit. Ainsi, pour satisfaire les désirs de consommation des uns et surtout enrichir quelques grandes enseignes, vous sacrifiez la vie sociale et familiale de toutes et tous les autres ! Certes, l’aspect volontaire est rappelé dans la loi « Macron ». Mais quand la pression du chômage fait rage, quand beaucoup de salarié-e-s ont du mal à boucler leurs fins de mois, quand, de plus, elles et ils sont soumis-es à une subordination à leur employeur, de par leur contrat de travail, comment garantir que le travail du dimanche reste bien un « choix » ? Comment garantir qu’il fasse l’objet d’un doublement de la rémunération ou d’un repos compensateur ? C’est bien la précarité des unes et des uns qui est exploitée pour assouvir les diktats de la société de consommation, qui crée des besoins chez les autres !
Et qui plus est, il n’est pas démontré que ce sacrifice important consenti par les salarié-e-s les plus précaires apporte un intérêt économique ! En effet, la consommation est liée au pouvoir d’achat. Or, la stagnation des salaires observée depuis plusieurs années diminue la capacité des ménages à consommer. Ainsi, l’ouverture du dimanche ne permettra pas d’accroitre le chiffre d’affaire global mais se contentera de le répartir sur 7 jours au lieu de 6.
Enfin, l’argument du tourisme ne tient pas : la France est la première destination touristique au monde ! C’est la richesse de notre patrimoine culturel et la diversité de nos paysages qui attirent les touristes du monde entier. Or, c’est aussi l’engagement militant et associatif de milliers de femmes et d’hommes qui nourrit et préserve l’attrait pour la France, sa culture, son patrimoine.
Surtout, demandons-nous quel modèle de société nous souhaitons développer. Pour notre part, nous défendons une société respectueuse de l’humain, une société dans laquelle un jour de la semaine est consacré aux activités non marchandes, dans laquelle la, le salarié-e a du temps pour elle, lui, pour sa famille, pour les autres. Une société dans laquelle ce temps est commun à toutes et tous, sans quoi le lien social et familial s’effrite. Enfin, une société dans laquelle toutes et tous nos jeunes ne sont pas contraint-e-s de travailler le dimanche pour étudier, au dépend de leur réussite scolaire et de leur avenir.
Ce modèle est plébiscité par 59% de nos concitoyen-nes, qui ne souhaitent pas travailler le dimanche. Vous-même, en 2011, le défendiez !
Pourquoi ce revirement aujourd’hui ? Pourquoi ne pas utiliser votre pouvoir exécutif pour défendre les valeurs que vous défendiez en tant que sénateur ?

Annie David

Ancienne sénatrice de l'Isère
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Ses autres interventions :

Décès de Walter BASSAN

C’est avec beaucoup de tristesse et d’émotion que j’ai appris le décès de Walter Bassan. Le héros de « retour en résistance » s’en est allé hier à l’âge de 90 ans.
Complice de Gilles Perret (…)

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