Madame Michèle ALLIOT-MARIE
Ministre des Affaires étrangères et européennes
37, Quai d’Orsay 75351
Paris cedex 07
Madame le Ministre,
Comme vous le savez, le 17 décembre dernier, en Tunisie, un jeune commerçant s’immolait par le feu après la confiscation de sa marchandise par les autorités tunisiennes parce qu’il ne disposait pas des autorisations requises. Cet acte de désespoir est le symbole d’une jeunesse tunisienne, qui, même diplômée, connaît une situation sociale extrêmement précaire et fragile.
Ce drame a déclenché une série de manifestations dans de nombreuses villes du pays. Jeunes sans emploi, diplômés, avocats, étudiants, syndicalistes crient chaque jour leur révolte contre le chômage de masse, l’étranglement des libertés publiques, la corruption ou encore l’accaparement de l’économie par la famille du président Ben Ali.
De nombreux heurts ont opposé les manifestants aux forces de l’ordre qui répriment tout rassemblement par la violence, des intimidations et de nombreuses interpellations.
Madame le Ministre, je déplore le silence de la diplomatie française et le soutien systématique de la France au régime du Président Ben Ali, jusqu’à présent.
Considérant la situation actuelle, je souhaiterais connaître les mesures que la France compte prendre afin que notre pays et les autorités européennes exigent du gouvernement tunisien le respect de l’article 2 de l’accord d’association entre la Tunisie et l’Union européenne relatif au respect des « principes démocratiques et des droits de l’homme ».
Si les autorités tunisiennes venaient à maintenir la répression à l’égard des opposants, il conviendrait alors de geler l’accord d’association en raison du non-respect des clauses conventionnelles.
Je vous prie de croire, Madame le Ministre, à l’assurance de ma considération distinguée.